Impossible de dormir, trop d’images de toi, trop de silences.
Quelle est cette maladie qui t’a retiré les mots, ôté la marche, laissé tes bras croisés, assise dans un fauteuil mais qui a conservé ce regard si bleu et si perçant qu’il me reconnaît à des mètres.
Maman, c’est tellement dur de te voir enfermée dans ton corps, si frêle, si douce, si petite, si seule, si loin.
Et si proche parce que je peux toucher tes mains, te caresser les joues, serrer mon visage contre le tien. Parce que tu me regardes en comprenant mes mots.
Tu me manques, tes colères me manquent, tes mouvements, ton parfum, des beaux habits si féminins, tes expressions marseillaises, ta retenue, tes bons petits plats, tes dizaines de paires de chaussures à talon, tes musiques « yéyé », ton amour pour la famille, tes souvenirs des années 60’, tes manies, ta maniaquerie…
En plongeant dans tes yeux, tout revient et m’aspire. Je te raconte des moments de bonheur avec les enfants, puis à un moment, l’envie de pleurer prend le dessus et je pars avant que les larmes montent.
J’espère que tu m’oublies vite si me voir si peu et me voir repartir te fait souffrir. J’espère que tu ne souffres pas. Personne n’a de réponse. Maman je ne sais pas quoi faire. Pardon.