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Voyager et frotter notre cervelle contre celle d’autrui

Soyons vigilants ici à l’enkystement, à la rupture Paris-province, et à la fermeture silencieuse du monde en général, partout à la crainte d’aller voir ailleurs et de rencontrer l’autre.

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La mort à Venise

Cette nouvelle de Thomas Mann dépeint l’avancée de l’épidémie du choléra asiatique à Venise en 1911. Une épidémie qui ne dit pas son nom, dans un haut-lieu du tourisme où converge la belle société. Cachée par les autorités qui redoutent une mauvaise presse et le départ des touristes, la maladie progresse en creux, entre silence des gens informés et tarissement du flot d’étrangers. Aujourd’hui, 23 février 2020, une ambiance grise et froide remplace les couleurs du carnaval. Les autorités italiennes interrompent brutalement la fête pour cause de Covid-19, virus asiatique de l’année. L’occasion de se replonger dans La mort à Venise de Thomas Mann dont voici un extrait ainsi que la bande annonce du film de Visconti avec une musique de Gustav Mahler (merci Caroline et François pour la mise à jour du 26/02) :

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Paroles d’agrologues

Entretien avec Claude & Lydia Bourguignon, montage à partir de rushes tournés pour l’émission Square Idée sur les OGM pour ARTE. Source : Sarah Legault
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Réussir son activité sans vitrifier la planète : L’intelligence économique du futur

Henri Dou, Philippe Clerc et Alain Juillet publient L’Intelligence économique du futur[1] en deux tomes, le premier dédié à Une nouvelle approche stratégique et opérationnelle, le second Une nouvelle approche de la fonction information. Les trois regards sont complémentaires, Henri Dou apportant son expertise à l’interface du monde universitaire – création du CRRM (Centre de Recherches Rétrospectives de Marseille) et du premier DEA de veille technologique -, Philippe Clerc celle de l’infatigable arpenteur depuis le monde francophone jusqu’aux Chambres de commerce, Alain Juillet l’approche sensible des dessous des cartes. Et encore ces quelques mots ne sauraient réduire plus de 100 ans d’expérience d’intelligence économique cumulés. Trois regards, deux tomes, et au final un objet du futur… Explications

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Les impacts du changement climatique en Europe

rechauffement Europe

© Agence européenne pour l’environnement, 2017

Diffusée par le Parlement européen en septembre 2018, cette infographie utilise les données du rapport Climate change, impacts and vulnerability in Europe 2016. An indicator-based report

Également incluse dans ce rapport, l’infographie du haut de page Projected impacts of climate change on electricity production from different sources in four European regions, met en évidence les impacts sur la production d’électricité.

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Heureux comme en Europe (1/2), frustrations et humanités

… Dans quel pays est-on le plus heureux ? Où vit-on le mieux ?… Quelle ville offre les meilleures chances de réussite ? Où vos enfants bénéficieront du meilleur cadre ?…
Ces questions ont débordé les Unes de la presse pour constituer une arme d’influence dans la concurrence qui se joue à toutes les échelles entre territoires pour attirer les innovations de rupture et les habitants les plus prometteurs. Et ce sont des pays européens qui font la course en tête.
Au-delà des guerres économiques, ces classements interrogent notre modèle de société : identifier un territoire par sa marque de bonheur pourrait être érigé en « paradigme démocratique ultime ». Le choix de la citation de Shimon Peres en introduction de Best countries. Defining Success and Leadership in The Twenty-First Century en fait la preuve : « Global brands fight discrimination by definition … they have to appeal to everyone. It doesn’t make a difference who you are. They get elected every morning … they are the ultimate democratic paradigm. »[1]

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Envie de fraîcheur ? Eaux des rivières & eaux de baignade

Par ces fortes chaleurs, il est tentant de piquer une tête dans la rivière sans attendre le Big-Jump du 9 juillet ou la grande transhumance vers la mer. Pour choisir son point d’eau, voici une présentation simplifiée de quelques outils très complets.

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Jalousie territoriale, propos d’un étranger

Vendredi 4 novembre, 15 h 45 devant la grille d’une école à Metz.

Scène 1

Une grand-mère serre sa veste et lance à son compagnon une remarque sur « la météo qui n’est pas ici comme dans le sud ». Assez fort pour que l’on entende qu’elle y retournera bien vite. Son accent lorrain ne laisse pas deviner de quel sud elle parle.

Scène 2

Une maman qui se tient juste à sa droite dans la foule l’apostrophe avec le même accent :
– « Ah, vous êtes du sud ! Moi aussi ! D’où venez-vous ? »
La grand mère à l’accent lorrain : « Près de Perpignan. On y retourne d’ailleurs, près de chez notre fils (brouhaha…) entre les Pyrénées et la Méditerranée. Ici ce matin, on avait 3 degrés, là bas, il avait 18° ! ».
– La maman à l’accent lorrain : « Moi je suis de Cassis ».
Leurs visages se rapprochent, les femmes se parlent tout bas quelques secondes avant de s’exclamer plus haut « Voilà, ils sont superficiels. Par contre, il paraît qu’une fois qu’ils nous ont adoptés, c’est pour la vie ».

Scène 3

D’observatrice amusée, je ne résiste pas à devenir actrice de cette scène de la nation française. Tant qu’à faire, autant participer en lançant sans gommer mon accent pour une fois « moi qui viens du sud, je vous garantis qu’ici, ce n’est même pas la peine d’espérer entendre autre chose que « dans le sud les gens sont sales, pas sérieux ». Même pas la peine d’espérer ne pas subir une remarque désobligeante si on vient du soleil ». Leur yeux s’arrondissent et je reprends « En arrivant ici, nous sommes des.. » les trois finissent la phrase avec le mot « … étrangers ». Puis ils s’avancent vers la grille tandis que la cloche sonne.

Intérêt pour GeoSophie

Je reconnais ce petit moment d’émotion où dans ce froid si loin de chez moi, le mal du pays s’est mêlé à un sentiment d’injustice : « qui sont-ils ces gens pour se revendiquer d’un sud dont ils méprisent les habitants ? ». On se dit en s’installant ici que l’accent du sud est un peu fort, alors on tente de le gommer. On se dit aussi que les gens du lieu ont vécu de nombreux drames et qu’il ne faut surtout pas parler du sud et de son soleil mais les écouter. Mais à force d’entendre « le soleil ne fait pas tout », et autres amabilités, même quand on se tait et qu’on se fait petit, on se dit que le sujet dépasse franchement l’anecdote.
Il existe une véritable jalousie territoriale chez les habitants. Elle se renforce avec la fuite des talents vers la région parisienne ou le « sud ».

Des échanges défavorables avec le reste de la France (titre de l’INSEE, ndlr)

Cette donnée-là est statistique, ce que montre l’étude publiée par l’INSEE en octobre 2016 Un attrait des actifs pour les régions du sud de plus en plus fort. Rapportée à une Région Grand Est qui n’existait pas encore en 2007, cette carte montre que les actifs quittent le territoire plus qu’ils ne viennent s’installer.

Carte issue de la publication de l’INSEE, Un attrait des actifs pour les régions du sud de plus en plus fort, octobre 2016.
Carte issue de la publication de l’INSEE, Un attrait des actifs pour les régions du sud de plus en plus fort, octobre 2016.

Il faut noter que cette étude est fondée sur des statistiques de 2007, c’est à dire antérieures à la fermeture des bases militaires et des derniers hauts fourneaux. Or entre 2008 et 2013, la population de l’agglomération messine a perdu à elle seule 8 100 personnes.

Quid de la nation française dans ce contexte ? Quel message d’union à l’heure des nouvelles régions et des nouvelles marques de territoire ancrées dans le TPMG (Tout Pour Ma Gueule) ? Lorsqu’on est basé à Paris, on ne sent pas forcément ce mélange d’envie et de méchanceté pour l’autre Français suspect d’avoir plus de chance. Les politiques luttent contre l’ostracisme qui se manifeste à l’encontre des étrangers de peau, de religion, de sexe… Bref comme si le territoire national était une affaire entendue. Mais ce postulat n’est pas si assuré, y compris devant la grille d’une école publique dans le centre d’une agglomération de plus de 200 000 habitants.

Sophie Clairet

Image du haut : Château de Mercy (1905), symbole de la résistance de la Lorraine aujourd’hui à l’abandon. Cliché Sophie Clairet, septembre 2016.

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Rentrée numérique :) SWAGG !!! Mon collège s’appelle GMAIL

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Prise de note en réunion, par Sophie Clairet.

Cette année, le collège de Titiswagg passe un cap. Comme il paraît qu’il faut se mettre au numérique, le professeur de technologie demande aux élèves de se créer un compte GMAIL pour travailler en classe. Titiswagg prononce ce mot avec une sorte de fierté, GMAIL c’est trop SWAGG !!! Bon, ses parents lui créent un compte « bidon » – juste pour qu’il puisse partager du Google.doc et un agenda avec son groupe de travail et son prof. Comment ce serait SWAGG d’avoir un mail sur la poste.net avec partage de doc… En même temps ils lui créent un compte chez leur fournisseur, celui là sera le sien personnel.

Déjà une usine à gaz… Combien de temps avant que Titiswagg se simplifie la vie et n’utilise plus que GMAIL ?

Comme il paraît qu’il faut fluidifier les communications, le nouveau CPE sort une adresse GMAIL pour qu’on lui adresse directement les absences. Cette fois, maman Titiswagg a le seum, et lève le doigt lors de la grande messe de rentrée pour lui demander « avez vous prévu d’utiliser votre plateforme numérique sécurisée – ENT administrée par Monsieur Atos, ndlr -, là où on trouve les devoirs et les bulletins scolaires, qui prévoit déjà un système de mail ? En fait tout est déjà en place, il faudrait que vous renseigniez le contact vie scolaire par exemple. Parce que c’est prévu pour, c’est sécurisé, on a des mots de passe qui réduisent le risque que quelqu’un envoie un mail à notre place, c’est hébergé en France. Pourquoi donc aller chez GMAIL et envoyer aux States les certificats médicaux de nos trolls ? ». La réponse du CPE, un peu gêné par la question, d’autant qu’il était vraiment très fier d’avoir trouvé une adresse GMAIL trop SWAGG : « Ben nan mais en fait, GMAIL c’est à l’essai, on verra au bout d’un an ». Et puis ajoute le chef d’établissement pour clore un débat imprévu « qui me prouve que ENT est plus sûr que GMAIL » ?

Maman Titiswagg a presque pu répondre – mais c’eût été fort malpoli, le sujet était passé à autre chose et les regards aussi :
– … « le logo de votre ministère et des départements, après si vous me dites que je ne dois pas avoir confiance, bon alors ne mettez pas non plus les bulletins et rendez les impôts… » ;
– « … demandez aux conservatoires de musique… leur système permet aussi d’envoyer des mails à des milliers de parents tout en se protégeant avec une adresse noreply… Et niveau citoyenneté, ce que vous faites, c’est un peu la honte par rapport aux pratiques des écoles du ministère de la culture… ».

Combien de temps avant que le collège se simplifie la vie et n’utilise plus que GMAIL ?

Décharabiseur :

EPI : Équipement de protection individuelle, selon la directive 89/686/CEE « tout dispositif ou moyen destiné à être porté ou tenu par une personne en vue de la protéger contre un ou plusieurs risque(s) susceptible(s) de menacer sa santé ainsi que sa sécurité au travail, ainsi que tout complément ou accessoire destiné à cet objectif. » Mais pour Titiswagg, c’est un « Enseignement pratique interdisciplinaire ».
Soclé : qui fait partie du socle commun de compétence, de connaissance et de culture tel que définit ici : « Le « socle commun de connaissances, de compétences et de culture » constitue l’ensemble des connaissances, compétences, valeurs et attitudes nécessaires pour réussir sa scolarité, sa vie d’individu et de futur citoyen. »
Cyclé : Ce qui est soclé (voir supra) est programmé dans un cycle d’enseignement et devient cyclé.
Seum : énervé ou triste.
Swagg : branché.

Sophie Clairet