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Au pays du silence

Impossible de dormir, trop d’images de toi, trop de silences.

Quelle est cette maladie qui t’a retiré les mots, ôté la marche, laissé tes bras croisés, assise dans un fauteuil mais qui a conservé ce regard si bleu et si perçant qu’il me reconnaît à des mètres.

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Arles # transmission

Je t’avais demandé si tu pouvais emmener ton petit-fils sur les traces d’une sortie que organisais pour tes élèves du collège de la Rose le Clos de Marseille. Dans les années 1970-1980, avec tes collègues, tu embarquais les classes de 6e en train sur les traces des Romains.

C’est parti pour un bien bel échange.

Voici les images tournées le 14 avril 2016 à Arles. Montage d’époque, en famille pour s’amuser.

Merci pour ce partage papa, merci pour tout.

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Je vais te raconter

Comment c’était à la fin des années 1950, quand tout petit, tu venais finir l’année scolaire à la petite école du Roux d’Abriès, de Pâques à septembre ? Qu’est-ce qui te vient en tête papa quand tu penses à ces vacances à la montagne chez pépé Antoine et mémé Marguerite ?

Le 14 août 2013, je t’ai enregistré, puis le temps est passé sans que je le prenne pour faire quelque chose de tes mots. Puis tu es parti il y aura un an cette semaine.

Quel bonheur d’entendre ton rire. Alors je vais te raconter, tu disais…

Voir en plein écran

La journée de Jean Lucien à quatre ans

Le gros vers gris

Enfance et adolescence en famille

La reconstruction

Saucisses de Marguerite et marmotes d’Antoine

Les blagues de pépé Antoine

La luge d’été dans le pré du Luc

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Tu es venue me chercher

Samedi 5 février. J’ai ouvert ta porte sans frapper. Tu étais debout près du lit médicalisé, habillée, bien habillée, mais pieds nus. Ton visage s’est éclairé « Tu es venue me chercher ». Tu as tendu la main vers ton joli sac à main rouge, as avancé vers moi à tout petits pas, sans lever les pieds.

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A la mémoire de mon cher père bienaimé

Tu es parti sans bruit papa, épuisé et c’est sans doute le signe qu’il était temps de rejoindre Augustine, Pierrot, Olympe, Limerick… Je t’ai remercié d’avoir été mon père et dit ce qui n’appartient qu’à nous. Je voudrais juste ici parler de cette puissance de résistance qui t’anime. Au présent car le flambeau est passé, sois en rassuré, nous sommes tous un peu des emmerdeurs. Tu as passé ta vie à transmettre le refus.

« Le refus a toujours constitué un rôle essentiel. Les saints, les ermites, mais aussi les intellectuels. Le petit nombre d’hommes qui ont fait l’Histoire sont ceux qui ont dit non, et non les courtisans et les valets des cardinaux. Pour être efficace, le refus doit être grand, et non petit, total, et non pas porter sur tel ou tel point absurde, contraire au bon sens. » (Pier Paolo Pasolini)

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2022, liberté en tête

Oui, voilà l’appel que je voudrais lancer à travers l’espace ; mais vous-même qui lisez ces lignes, je le crains, vous l’entendriez sans le comprendre. Oui, cher lecteur, je crains que vous ne vous imaginiez pas la Liberté comme de grandes orgues, qu’elle ne soit déjà pour vous qu’un mot grandiose, tel que ceux de Vie, de Mort, de Morale, ce palais désert où vous n’entrez que par hasard, et dont vous sortez bien vite, parce qu’il retentit de vos pas solitaires. Lorsqu’on prononce devant vous le mot d’ordre, vous savez tout de suite ce que c’est, vous vous représentez un contrôleur, un policier, une file de gens auxquels le règlement impose de se tenir bien sagement les uns derrière les autres, en attendant que le même règlement les entasse pêle-mêle cinq minutes plus tard dans un restaurant à la cuisine assassine, dans un vieil autobus sans vitres ou dans un wagon sale et puant. Si vous êtes sincère, vous avouerez peut-être même que le mot de liberté vous suggère vaguement l’idée du désordre — la cohue, la bagarre, les prix montant d’heure en heure chez l’épicier, le boucher, le cultivateur stockant son maïs, les tonnes de poissons jetées à la mer pour maintenir les prix. Ou peut-être ne vous suggérerait-il rien du tout, qu’un vide à remplir — comme celui, par exemple, de l’espace…

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Queyras après la pluie en compagnie de la Lune

Cliché Sophie Clairet, 28 juillet 2020
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La mort à Venise

Cette nouvelle de Thomas Mann dépeint l’avancée de l’épidémie du choléra asiatique à Venise en 1911. Une épidémie qui ne dit pas son nom, dans un haut-lieu du tourisme où converge la belle société. Cachée par les autorités qui redoutent une mauvaise presse et le départ des touristes, la maladie progresse en creux, entre silence des gens informés et tarissement du flot d’étrangers. Aujourd’hui, 23 février 2020, une ambiance grise et froide remplace les couleurs du carnaval. Les autorités italiennes interrompent brutalement la fête pour cause de Covid-19, virus asiatique de l’année. L’occasion de se replonger dans La mort à Venise de Thomas Mann dont voici un extrait ainsi que la bande annonce du film de Visconti avec une musique de Gustav Mahler (merci Caroline et François pour la mise à jour du 26/02) :

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2020, le lierre

J’ai, captif, épousé le ralenti du lierre à l’assaut d’éternité*

Quand cela a-t-il commencé ? « Pars d’ici, tu vas crever à Metz ».

La petite musique a parlé tellement fort que j’avais placé tous mes vœux sur un retour dans le Sud en 2017. C’est au soleil du Béarn que je commence à faire le lierre pour grapiller des secondes d’éternité.

Il est des lieux faits pour d’autres, là où la lumière ne convient pas, la terre ne porte pas les racines.

Sophie Clairet, 1er janvier 2020

*René Char, « Afin qu’il n’y soit rien changé »