Coronavirus : diagnostiquons et traitons ! Premiers résultats pour la chloroquine. Vidéo du Pr Didier Raoult, directeur de l’IHU Méditerranée diffusée le 16 mars 2020 et mettant en évidence les apports des premiers essais réalisés par son centre sur des patients atteints du Coronavirus.
Instruction sur le Choléra publiée par l'Académie des Sciences. BNF, collection numérique : Collection De Vinck (histoire de France, 1770-1871). Domaine public. https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb41521708t
Cette nouvelle de Thomas Mann dépeint l’avancée de l’épidémie du choléra asiatique à Venise en 1911. Une épidémie qui ne dit pas son nom, dans un haut-lieu du tourisme où converge la belle société. Cachée par les autorités qui redoutent une mauvaise presse et le départ des touristes, la maladie progresse en creux, entre silence des gens informés et tarissement du flot d’étrangers. Aujourd’hui, 23 février 2020, une ambiance grise et froide remplace les couleurs du carnaval. Les autorités italiennes interrompent brutalement la fête pour cause de Covid-19, virus asiatique de l’année. L’occasion de se replonger dans La mort à Venise de Thomas Mann dont voici un extrait ainsi que la bande annonce du film de Visconti avec une musique de Gustav Mahler (merci Caroline et François pour la mise à jour du 26/02) :
Les extraits sélectionnés concernent l’Espagne et en particulier la Catalogne. La présentation des télévisions régionales du reste de l’arc méditerranéen a été retirée. Intérêt : éclairer l’une des données du processus de normalisation de la culture catalane. Texte extrait de ma thèse soutenue en 2000. Ni le texte ni les titres n’ont été modifiés.
Devanture de l'artisan pizzaiolo, Metz, juin 2017. Cliché Sophie Clairet
Voici un voyage dans la recomposition du monde du travail et des espaces de la vie professionnelle, non pas une note de lecture de La révolte des premiers de la classe. Métiers à la con, quête de sens et reconversion urbaine[1] de Jean-Laurent Cassely mais une discussion autour de cet ouvrage. En effet ce livre suscite de très nombreuses pistes de réflexion tant il fourmille d’illustrations très soigneuses du réel. Il opère une véritable mise en musique de signaux faibles. Voilà une mine pour les géographes et explorateurs de terrain qui constatent que les candidatures d’adultes en « reconversion » se sont bel et bien démultipliées dans les Centres de formation des apprentis (CFA).
Voici la carte du jour mise en ligne le 18 avril par ECHO, service de la Commission européenne à l’aide humanitaire et à la protection civile. Elle associe deux catégories d’informations, des données de localisation et des données statistiques concernant deux grands systèmes de routes de migrants et de réfugiés vers l’Europe. On distingue clairement dans les chiffres que la route qui rejoint la Grèce depuis la Turquie s’est fermée tandis que celle via la Libye vers l’Italie est en plein essor. [Note au lecteur : attention toutefois aux figurés et aux couleurs, cette carte recèle quelques inversions entre les graphiques et les étiquettes.] Quelques jours avant la publication de cette carte, le 13 avril, le Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj accusait dans le quotidien allemand Bild l’Union européenne de ne pas tenir ses promesses tandis que les médias occidentaux relataient le commerce d’esclave organisé par les tribus libyennes et l’état déplorable des geôles libyennes. Publiée dans un contexte d’enchères UE-Libye en marge d’un nouvel accord, cette carte propose bien d’autres niveaux d’informations : là où les routes n’existent pas se dressent des murs.
Capture d’écran du résultat de la recherche « eurasisme » dans Google images le 18 janvier. Voilà quelques codes visuels qui accompagnent les mots clés d’un stratège russe influent.
Entretien avec Jean-Richard Delfassy, expert indépendant sur les Routes de la Soie.
Ce retour des empires terriens, en apparence positif parce que « commercial », détient sans doute des germes néo-totalitaires et conspirationnistes qu’il faut analyser en profondeur, au même titre que l’atlantisme en détient ou a pu en détenir aussi…
Tandis que le chemin de fer avance grâce à la Pacific Railroad Act, le territoire des États-Unis est exploité d’Est en Ouest. Ces grands chantiers ont joué un rôle prééminent dans la maîtrise économique et politique de l’expansion américaine, mais aussi dans la disparition des Indiens d’Amérique. Illustration : Morris et Goscinny, LuckyLuke. Des rails sur la prairie, 1957.
Mais dans ce western qui se joue aujourd’hui en Europe, qui tiendra le pistolet chargé, qui regardera passer les trains, qui jouera aux Indiens, et qui creusera ?
Le 11 décembre 2016, la Suisse met en service le tunnel du bas Saint-Gothard, le plus long tunnel du monde. 57,1 km à 2 000 mètres sous les Alpes suivant un axe nord-sud, 20 ans de travaux pour coût total de 11,1 milliards d’euros – dépenses « surveillées par les électeurs helvétiques » depuis la votation de 1992 qui a entériné le projet. Le 1er janvier 2017, China Railway Corporation annonce une nouvelle concrétisation de l’axe de communication est-ouest One Belt, One Road (OBOR) avec le départ du premier train de Yiwu pour Londres – arrivée prévue 18 jours plus tard, soit le lendemain du discours de Xi-Jinping à Davos prônant le libre-échange.. 12 000 km à travers le Kazakhstan, la Russie, la Biélorussie, la Pologne, l’Allemagne, la Belgique et la France pour ce train chinois. Ces deux projets ont en partage de permettre la traversée de l’Europe de part en part et de port en port, l’un nord-sud et l’autre est-ouest, sans être à l’initiative de l’Union européenne ni de l’un de ses membres. Ils ont tous deux été planifiés sur des décennies dans la perspective d’accorder à leurs commanditaires des avantages compétitifs dans les échanges économiques. Les médias se font plutôt discrets sur le tunnel du bas Saint-Gothard qui démontre le savoir-faire de la démocratique Suisse, tandis qu’OBOR suscite de nombreux sujets sur les appétits de la dictature chinoise. Vus d’Europe, hors considération de type alliance militaire, les deux constituent pourtant les deux faces d’une même médaille dans un vaste mouvement de recontinentalisation. Mais dans ce western d’Europe, qui tiendra le pistolet chargé, qui regardera passer les trains, qui jouera aux Indiens, et qui creusera ?
Vendredi 4 novembre, 15 h 45 devant la grille d’une école à Metz.
Scène 1
Une grand-mère serre sa veste et lance à son compagnon une remarque sur « la météo qui n’est pas ici comme dans le sud ». Assez fort pour que l’on entende qu’elle y retournera bien vite. Son accent lorrain ne laisse pas deviner de quel sud elle parle.
Scène 2
Une maman qui se tient juste à sa droite dans la foule l’apostrophe avec le même accent :
– « Ah, vous êtes du sud ! Moi aussi ! D’où venez-vous ? »
La grand mère à l’accent lorrain : « Près de Perpignan. On y retourne d’ailleurs, près de chez notre fils (brouhaha…) entre les Pyrénées et la Méditerranée. Ici ce matin, on avait 3 degrés, là bas, il avait 18° ! ».
– La maman à l’accent lorrain : « Moi je suis de Cassis ».
Leurs visages se rapprochent, les femmes se parlent tout bas quelques secondes avant de s’exclamer plus haut « Voilà, ils sont superficiels. Par contre, il paraît qu’une fois qu’ils nous ont adoptés, c’est pour la vie ».
Scène 3
D’observatrice amusée, je ne résiste pas à devenir actrice de cette scène de la nation française. Tant qu’à faire, autant participer en lançant sans gommer mon accent pour une fois « moi qui viens du sud, je vous garantis qu’ici, ce n’est même pas la peine d’espérer entendre autre chose que « dans le sud les gens sont sales, pas sérieux ». Même pas la peine d’espérer ne pas subir une remarque désobligeante si on vient du soleil ». Leur yeux s’arrondissent et je reprends « En arrivant ici, nous sommes des.. » les trois finissent la phrase avec le mot « … étrangers ». Puis ils s’avancent vers la grille tandis que la cloche sonne.
Intérêt pour GeoSophie
Je reconnais ce petit moment d’émotion où dans ce froid si loin de chez moi, le mal du pays s’est mêlé à un sentiment d’injustice : « qui sont-ils ces gens pour se revendiquer d’un sud dont ils méprisent les habitants ? ». On se dit en s’installant ici que l’accent du sud est un peu fort, alors on tente de le gommer. On se dit aussi que les gens du lieu ont vécu de nombreux drames et qu’il ne faut surtout pas parler du sud et de son soleil mais les écouter. Mais à force d’entendre « le soleil ne fait pas tout », et autres amabilités, même quand on se tait et qu’on se fait petit, on se dit que le sujet dépasse franchement l’anecdote.
Il existe une véritable jalousie territoriale chez les habitants. Elle se renforce avec la fuite des talents vers la région parisienne ou le « sud ».
Des échanges défavorables avec le reste de la France (titre de l’INSEE, ndlr)
Cette donnée-là est statistique, ce que montre l’étude publiée par l’INSEE en octobre 2016 Un attrait des actifs pour les régions du sud de plus en plus fort. Rapportée à une Région Grand Est qui n’existait pas encore en 2007, cette carte montre que les actifs quittent le territoire plus qu’ils ne viennent s’installer.
Il faut noter que cette étude est fondée sur des statistiques de 2007, c’est à dire antérieures à la fermeture des bases militaires et des derniers hauts fourneaux. Or entre 2008 et 2013, la population de l’agglomération messine a perdu à elle seule 8 100 personnes.
Quid de la nation française dans ce contexte ? Quel message d’union à l’heure des nouvelles régions et des nouvelles marques de territoire ancrées dans le TPMG (Tout Pour Ma Gueule) ? Lorsqu’on est basé à Paris, on ne sent pas forcément ce mélange d’envie et de méchanceté pour l’autre Français suspect d’avoir plus de chance. Les politiques luttent contre l’ostracisme qui se manifeste à l’encontre des étrangers de peau, de religion, de sexe… Bref comme si le territoire national était une affaire entendue. Mais ce postulat n’est pas si assuré, y compris devant la grille d’une école publique dans le centre d’une agglomération de plus de 200 000 habitants.
Sophie Clairet
Image du haut : Château de Mercy (1905), symbole de la résistance de la Lorraine aujourd’hui à l’abandon. Cliché Sophie Clairet, septembre 2016.