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Rentrée numérique :) SWAGG !!! Mon collège s’appelle GMAIL

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Prise de note en réunion, par Sophie Clairet.

Cette année, le collège de Titiswagg passe un cap. Comme il paraît qu’il faut se mettre au numérique, le professeur de technologie demande aux élèves de se créer un compte GMAIL pour travailler en classe. Titiswagg prononce ce mot avec une sorte de fierté, GMAIL c’est trop SWAGG !!! Bon, ses parents lui créent un compte « bidon » – juste pour qu’il puisse partager du Google.doc et un agenda avec son groupe de travail et son prof. Comment ce serait SWAGG d’avoir un mail sur la poste.net avec partage de doc… En même temps ils lui créent un compte chez leur fournisseur, celui là sera le sien personnel.

Déjà une usine à gaz… Combien de temps avant que Titiswagg se simplifie la vie et n’utilise plus que GMAIL ?

Comme il paraît qu’il faut fluidifier les communications, le nouveau CPE sort une adresse GMAIL pour qu’on lui adresse directement les absences. Cette fois, maman Titiswagg a le seum, et lève le doigt lors de la grande messe de rentrée pour lui demander « avez vous prévu d’utiliser votre plateforme numérique sécurisée – ENT administrée par Monsieur Atos, ndlr -, là où on trouve les devoirs et les bulletins scolaires, qui prévoit déjà un système de mail ? En fait tout est déjà en place, il faudrait que vous renseigniez le contact vie scolaire par exemple. Parce que c’est prévu pour, c’est sécurisé, on a des mots de passe qui réduisent le risque que quelqu’un envoie un mail à notre place, c’est hébergé en France. Pourquoi donc aller chez GMAIL et envoyer aux States les certificats médicaux de nos trolls ? ». La réponse du CPE, un peu gêné par la question, d’autant qu’il était vraiment très fier d’avoir trouvé une adresse GMAIL trop SWAGG : « Ben nan mais en fait, GMAIL c’est à l’essai, on verra au bout d’un an ». Et puis ajoute le chef d’établissement pour clore un débat imprévu « qui me prouve que ENT est plus sûr que GMAIL » ?

Maman Titiswagg a presque pu répondre – mais c’eût été fort malpoli, le sujet était passé à autre chose et les regards aussi :
– … « le logo de votre ministère et des départements, après si vous me dites que je ne dois pas avoir confiance, bon alors ne mettez pas non plus les bulletins et rendez les impôts… » ;
– « … demandez aux conservatoires de musique… leur système permet aussi d’envoyer des mails à des milliers de parents tout en se protégeant avec une adresse noreply… Et niveau citoyenneté, ce que vous faites, c’est un peu la honte par rapport aux pratiques des écoles du ministère de la culture… ».

Combien de temps avant que le collège se simplifie la vie et n’utilise plus que GMAIL ?

Décharabiseur :

EPI : Équipement de protection individuelle, selon la directive 89/686/CEE « tout dispositif ou moyen destiné à être porté ou tenu par une personne en vue de la protéger contre un ou plusieurs risque(s) susceptible(s) de menacer sa santé ainsi que sa sécurité au travail, ainsi que tout complément ou accessoire destiné à cet objectif. » Mais pour Titiswagg, c’est un « Enseignement pratique interdisciplinaire ».
Soclé : qui fait partie du socle commun de compétence, de connaissance et de culture tel que définit ici : « Le « socle commun de connaissances, de compétences et de culture » constitue l’ensemble des connaissances, compétences, valeurs et attitudes nécessaires pour réussir sa scolarité, sa vie d’individu et de futur citoyen. »
Cyclé : Ce qui est soclé (voir supra) est programmé dans un cycle d’enseignement et devient cyclé.
Seum : énervé ou triste.
Swagg : branché.

Sophie Clairet

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Kaléidoscope de printemps

La chaîne de télévision Arte vient d’étoffer son dossier « Souriez, vous êtes cybersurveillés ! » par un documentaire de 89 minutes.

« … il me semble que la vraie question reste à être posée. Le mot sécurité est l’un des mots les plus importants dans le monde d’aujourd’hui et c’est aussi le moins bien défini. La définition du mot sécurité suscite beaucoup d’interrogations, en particulier quand on l’associe avec ce que l’on appelle la sécurité nationale. Qu’est ce que la sécurité nationale ? La sécurité nationale de qui ? Sommes nous en train d’essayer de protéger ou de conserver ? Je pense que ces questions sont fondamentales… »
(Extrait du documentaire d’Alexandre Valentin)

Source

Dossier d’Arte : http://future.arte.tv/fr/cybersurveillance

Une perspective à venir dans le champ politique

Projet de résolution « Améliorer la protection des donneurs d’alerte » de Pieter Omtzigt, examiné lors de la session d’été de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (Strasbourg, 22-26 juin 2015). Présentation disponible à : http://www.assembly.coe.int/nw/xml/News/News-View-FR.asp?newsid=5481&lang=1&cat=5

Sophie Clairet

Image du haut : Un documentaire d’Alexandre Valentin (France, 2015, 89 min.) : mardi 24 mars à 20h50.

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Génération ZZ

Après le BYOD, le MYOD

(Make Your Own Device)

Sophie Clairet

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L’influence organisée des mégadonnées ou l’apparente simplicité des défilés de mode des infographies

Les datavisualisations, ces fresques en graphiques et dessins se sont banalisées dans notre paysage. Mais de quoi parlent-elles ? Qu’est-ce qu’elles révèlent et veulent nous dire (approche minimaliste) ou nous faire penser (approche « neuromarketing »), de quelle construction du monde participent-elles (approche géopolitique) ?
Nous sommes très loin de la grotte de Lascaux où l’on dessinait avant l’invention de l’écriture – même si sms et autres tweets font oublier le sens des lettres, la musique des mots et des arguments. Aujourd’hui, les concours d’infographie récompensent la qualité de mise en forme des données (valeur esthétique) et son efficacité (valeur d’influence). A l’initiative de ces défilés, on peut citer la presse avec la Society for News Design (SND) basée en Floride et qui regroupe 2600 journalistes visuels* du monde entier, associée aux écoles de design comme l’université de Navarre à Pampelune pour le prix mondial d’infographie Malofiej décerné en mars depuis 22 ans. Les agences d’études de marché-marketing ont suivi le mouvement, avec notamment Kantar pour le prix « Information is beautiful » décerné en novembre depuis deux ans. C’est au tour des pourvoyeurs de mégadonnées d’une part et de « communautés d’intérêts d’utilisateurs » d’autre part de faire leur apparition sur la place. Voilà pourquoi on peut y trouver un intérêt géopolitique : quels sont les acteurs et que se passe t’il en termes de territoire de référence pour les sociétés ? Ce très court texte ne prétend pas donner des réponses mais organiser un certain nombre d’interrogations.

Sur ce sujet

J’ai commencé une première version en octobre 2013, avant l’attribution du prix Kantar 2013. L’angle d’attaque était alors « Défilés de mode chez les big datas ». La sous-représentation de l’Europe était tout simplement énorme alors même que se diffusait massivement la mode de la visualisation des données. Cela m’interpellait mais ma clé de lecture ne dépassait pas deux constats : la presse et les infographistes français étaient à la remorque de la mode (codes visuels « vintage » créés ailleurs), mais rien de nouveau depuis vingt ans si l’on regarde bien les nationalités des concurrents de Malofiej. J’ai mis en ligne un premier sujet Derrière les images que celui-ci complète.

Répartition des acteurs

En 2011, visualjournalism.com dressait le constat suivant pour le prix Malofiej dont les concurrents américains avaient remporté le prix : « Félicitation aux vainqueurs, et au reste du monde je dis : mettez-vous au travail pour que nous puissions obtenir des récompenses un peu équilibrées lors du Malofiej 20, annoncé comme un événement encore plus grand que d’habitude. »

Rules-in-infographic-worldL’infographie réalisée par le Danois Gert K. Nielsen, qui se présente sur Twitter comme « Business Owner at Emotion Infographics », était sans appel.

Trois ans plus tard, Malofiej 22 a récompensé surtout et avant tout The New York Times. Une représentation que n’a pas manqué de souligner le réseau brésilien nupejoc (Núcleo de Pesquisa em Jornalismo Científico, Centre de recherche en journalisme scientifique) « NY Times é o grande vencedor do Malofiej 22 ». Voici ce que l’on peut faire dire à la liste présentée sur le site de l’organisateur :

Malofiej

Le blog datavizualisation.fr a souligné pour sa part que pour la première fois un Français participait au jury – la rédactrice en chef de Courrier International. Il est bon de préciser que ce journal sélectionne et diffuse en France des articles issus de la presse mondiale. Ce sont des experts du New-York Times et de la NASA qui ont animé des ateliers.

Il est plus compliqué de distinguer par nationalité les concurrents et vainqueurs du prix Kantar, décerné à Londres dans quelques jours par le 2e groupe mondial en marketing et communication. Notons un changement de domaine, nous ne sommes plus dans le spectre de l’information de presse mais dans celui du marketing. Le site Kantar « Information is Beautiful » et la page Facebook dédiée au concours ne se prêtent pas à l’information : les sponsors ne sont pas mentionnés et les pays ne composent pas une donnée à communiquer. Le site donne le vertige en donnant à voir des dizaines de propositions pour six catégories : « Data Visualization, Infographic, Interactive Visualization, Motion Infographic, Tool et Website ». Notons également l’orientation clairement virale du concours, Kantar primant à la fois des réalisations et des outils de diffusion. Le seul sujet de l’exemple qui suit est typiquement « viral ».

You be the judge "uh" verus "um"

Une différence de taille par rapport au prix Malofiej : « You be the judge ! ». Pour cautionner le sérieux, deux lettres sont fournies à profusion sur ce site : « Dr » pour titulaire d’un doctorat.

Si les neurosciences ne sont pas loin dans un prix marketing, c’est qu’elles constituent un acteur du panorama. Elles ont elles-mêmes leur prix d’infographie qui offre notamment un séjour au MIT, dans le cadre de l’initiative Brain Research through Advancing Innovative Neurotechnologies (l’acronyme Brain signifiant aussi cerveau) lancée par le président Obama en 2013.

brainMIT Eye Wire – plate forme interactive du MIT qui appelle actuellement à participer à un jeu pour cartographier le cerveau – le fabriquant de microscopes FEI et la plate forme d’hébergement d’infographies visual.ly se sont associés pour lancer ce concours.

Or comme chaque géographe sait, quand on cartographie, c’est qu’en général on veut conquérir.

La phase actuelle est celle où l’individu crée lui même des infographies à partir des données qui lui sont proposées en utilisant des outils gratuits. Chacun d’entre nous s’approprie des informations qui nécessitaient auparavant pour les diffuseurs de lourdes campagnes publicitaires sans garantie d’être assimilées. Chacun d’entre nous va les diffuser à son propre réseau. Et il n’est pas interdit de penser que chacun d’entre nous émette sous d’autres formes encore, et sans y prendre garde, des données via l’utilisation d’outils gratuits de mise en forme.

Sophie Clairet

Image du haut : Image du concours de dataviz lancé par Google en 2012 à l’occasion des présidentielles françaises.

* Expression peu usitée en français, renvoyant à une catégorie de journalistes maîtrisant à la fois les vecteurs visuels et textuels pour diffuser l’information. On en trouve une définition sur Wikipedia et une utilisation dès 2009 aux Assises internationales du journalisme.

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Mettre fin à la surveillance massive ou faire face aux conséquences : les documents

Séance au Parlement européen le 11 mars 2014. Le député Claude Moraes présente l'enquête. Capture d'écran de sa présentation
Séance au Parlement européen le 11 mars 2014. Le député Claude Moraes présente notamment l’idée d’un habeas corpus numérique. Capture d’écran de sa présentation

Le 12 mars 2014, le Parlement européen a adopté une résolution non législative dont les communiqués de presse titrent «  mettre fin à la surveillance massive ou à faire face aux conséquences ». Voici quelques liens vers les documents de six mois d’une enquête déclenchée suite aux déclarations d’Edward Snowden à propos d’une surveillance massive des citoyens et des intérêts économiques européens. Selon son rapporteur Claude Moraes (S&D, RU) « Il s’agit de la seule enquête internationale sur la surveillance de masse (…) Même le Congrès américain n’a pas mené d’enquête ». La résolution vise à instaurer un habeas corpus européen et à soutenir sur le plan règlementaire et industriel le développement de solutions européennes en matière de sécurité des réseaux, dans le contexte de l’accord de libre-échange UE-USA. L’enjeu économique est colossal, bien que souvent escamoté derrière des querelles sur le mode « tous espionnés », « on s’espionne tous » : « selon les prévisions, la valeur économique globale du marché de l’informatique en nuage équivaut à 207 milliards de dollars américains par an d’ici à 2016, soit le double de sa valeur en 2012 ». Voilà pourquoi la résolution propose de conditionner la signature du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) au respect des droits fondamentaux de l’UE. Parmi les mesures avancées et qui ont déclenché de vifs débats en séance le 11 mars, la « suspension immédiate » des principes de la « sphère de sécurité » (2) et de l’accord sur le programme de surveillance du financement du terrorisme (TFTP).

Les documents disponibles

La page de la Commission Libertés civiles, justice et affaires intérieures (LIBE) du site du Parlement permet d’accéder aux publications suivantes :
– Le Rapport sur le programme de surveillance de la NSA, les organismes de surveillance dans divers États membres et les incidences sur les droits fondamentaux des citoyens européens et sur la coopération transatlantique en matière de justice et d’affaires intérieures
Il convient de consulter également les amendements car ils permettent de dresser la liste des parlementaires qui s’intéressent au sujet et des sujets qu’ils entendent modifier. On notera par exemple la suppression par amendement de la référence à l’Allemagne dans l’article 122 (ici dans sa version initiale) « certains États membres de l’Union s’efforcent d’assurer une communication bilatérale avec les autorités américaines à propos des allégations d’espionnage et que certains d’entre eux ont conclu (Royaume-Uni) ou envisagent de conclure (Allemagne, France) des accords dits « de lutte contre l’espionnage »; souligne que ces États membres sont tenus de respecter pleinement les intérêts et le cadre législatif de l’Union dans son ensemble ; juge ces accords bilatéraux contreproductifs et inappropriés, étant donnée la nécessité d’une approche européenne de ce problème; demande au Conseil d’informer le Parlement de l’évolution des discussions menées par les États membres au sujet d’un accord mutuel de non-espionnage pour toute l’Union ; »
> Amendements et texte final disponibles sur la fiche de procédure.

– Le témoignage d’Edward Snowden du 7 mars 2014, repris dans la presse qui a fait état d’un « bazar européen » sans spécialement contextualiser ni s’étendre sur les autres volets de l’enquête européenne.

– La liste des personnes auditionnées – et de celles qui ont refusé de l’être.

– Le rapport Les programmes de surveillance des États-Unis et leurs effets sur les droits fondamentaux des citoyens de l’UE, de Caspar Bowden, remis en septembre 2013 à la Commission Libertés civiles, justice et affaires intérieures (LIBE) du Parlement européen.

Les vidéos

Programme de surveillance de la NSA, organismes de surveillance dans divers États membres et incidences… Cet enregistrement du 11 mars (veille du vote) donne à voir comment se positionnent les députés européens (du moins ceux qui se déplacent pour les séances plénières, une petite cinquantaine ce jour-là) et lesquels interviennent dans le débats au moment où le Congrès américain siège également sur ce type de sujet.

– Boucher les trous noirs des données personnelles en ligne
Courte vidéo synthétisant le sujet.

Intérêt pour GeoSophie

Mettre à disposition les liens vers des documents peu valorisés dans les médias français. Il n’en va pas de même partout en Europe, les document soulignent la mobilisation de l’opinion publique allemande, des parlementaires allemands et britanniques. La vidéo des débats montre trois postures : les parlementaires favorables au texte, ceux qui sont contre et se déplacent pour faire valoir leurs arguments (comme le Britannique Timothy Kirkhope) et ceux qui choisissent la politique de la chaise vide. Ces documents permettent également de changer d’échelle et de bien saisir la tension voire l’incompatibilité entre les priorités nationales (avec dans certains cas des accords bilatéraux avec les États-Unis) et européennes (finalement limitées aux droits fondamentaux).

Sophie Clairet

Notes

(1) Rapport sur le programme de surveillance de la NSA…, voir à Sécurité informatique et informatique en nuage, BO.
(2) Normes volontaires sur la protection des données pour les entreprises non-européennes qui transfèrent des données à caractère personnel de citoyens de l’UE aux États-Unis.

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Aux promeneurs de l’Internet dans un paysage de tracking

Quelques réflexions sur les promenades d’Internet, un blog, ses logs et qui se protège en cartes.

Dans quel État, j’erre ?

Au départ de GeoSophie, une connaissance proche du zéro pour tout ce qui concerne l’informatique technique. Le site utilise une charte clé en main proposée par WordPress en se bornant à sélectionner des couleurs. Je choisis OVH pour l’héberger parce qu’il est français, me disant que le site sera localisé en France en respect du droit français. Ouf, c’est le cas ! Avec un bémol toutefois. Lorsque je me connecte sur le « manager », j’arrive sur un serveur hébergé au Canada. La raison évoquée par OVH à qui je fais part de mon dépit : la société a préféré placer ce service au Canada pour disposer de serveurs « au frais ». OVH me rassure : le contenu de GeoSophie reste, lui, hébergé en France.

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Regard sur « Le nouveau capitalisme criminel » de Jean-François Gayraud

Dans Le nouveau capitalisme criminel*, la « crise » qui nous occupe depuis 2008 est un indice, le crime en cours est la substitution d’une oligarchie financière aux systèmes démocratiques. Les armes utilisées : des machines alliant trading haute fréquence (qu’il soit réellement utilisé ou présenté comme parade à la petite semaine pour masquer des actions humaines) et logiciels dévoyés. La scène a son centre névralgique, là où se concentrent serveurs géants et places financières, ainsi que ses centres secondaires, les zones grises du narcotrafic.

J’ose espérer que Jean-François Gayraud passera sur le manque de nuances dans ce très bref panorama, il est difficile de détailler sans réécrire tout l’ouvrage car tout se tient parfaitement. Quelques données parlent d’elles-mêmes :

« en 1976, 1% des Américains les plus riches captent 8,9% de la richesse nationale, en 2007, à la veille de la crise, ce 1% en monopolise 23,5% » (Le nouveau capitalisme criminel, p. 301).

Après en avoir refermé les 303 pages (hors notes), c’est ainsi que m’apparaît d’abord son ouvrage : une enquête qui nous concerne tous, quelle que soit la complexité de la démonstration technique. Les méandres de l’enquête sont à la mesure des voies tortueuses retenues par les fraudeurs et de leur démultiplication selon leur degré d’organisation et leur capacité à corrompre les systèmes – économique et politique. La véritable victime est ce citoyen ordinaire, comme vous et moi, dont le paysage d’action s’inscrit dans l’économie du réel et qui vote en espérant donner mandat à des représentants en capacité d’agir. On aimerait que l’Europe suive Ewald Nowotny, gouverneur de la Banque centrale d’Autriche et membre de la BCE : « En ce qui concerne le trading haute fréquence, il n’y a rien à règlementer, il faut interdire », Jean-François Gayraud expliquant

« Son argument est limpide, nourri par l’expérience : les financiers trouvent toujours des échappatoires dans toutes les règlementations » (op. cit., p. 260).

Encore faudrait-il que la presse nous alerte davantage sur ces sujets éminemment politiques, qu’elle questionne efficacement nos élus. Le lecteur de l’ouvrage se demandera logiquement comment se fait-il qu’il n’y ait aucun scandale ?

« L’aristocratie financière aux commandes est servie à la fois par une classe politique aux ordres constituée de débiteurs et par un nouveau clergé non plus catholique mais médiatique, disant le bien et le mal et lui conférant sa légitimité » (op. cit., p. 285).

Où en est-on de la crise ? Le système va t-il lâcher ou se reprendre ? Vers où va t-on ? Voilà des questions que se posent bon nombre de personnes. Sans tomber dans la théorie du complot, simplement en décrivant des faits et en les replaçant en perspective, cet ouvrage est éclairant. Sur le plan géopolitique il permet une cartographie des acteurs. Sur le plan géographique, il fait émerger de nouveaux lieux au-delà des clichés, la bourse de Paris à Basildon près de Londres ou le NYSE à Mahwah – de gros serveurs aux débouchés de gros câbles.

Sophie Clairet

Référence

Jean-François Gayraud, Le nouveau capitalisme criminel, Préface de Paul Jorion, Paris, Odile Jacob, février 2014, 368 p.

Pour aller plus loin

Interview de Jean-François Gayraud sur Xerfi Canal :
Jean-François Gayraud, Xerfi Canal Le… par GroupeXerfi

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L’Europe en tête de la connectivité à Internet (2)

Le rapport de l’Union Internationale des Télécommunications pour 2013 confirme celui de 2012, avec une arrivée du Royaume-Uni dans le Top 10 et la sortie du Japon. Voici deux cartes : le top TOP 10 de l’année, et le « mal-développement » de l’Internet sur la base des trajectoires des États entre 2011 et 2012 (et non de leur rang dans l’absolu).

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Derrière les images…

Nouveau langage d’émoticônes, multiplication de thèmes de blogs valorisant galeries et carrousels, généralisation des dataviz (visualisation de données), autant de marques de l’avancée des images. Le sujet concerne autant la forme que le fond, autant le paysage que le message, autant le promeneur du web que ce blog même. Bref, faire sa mue vers l’approche « tout en images » ou pas, telle est l’une des questions. La bascule constituerait un atout en matière de référencement sur les moteurs de recherche (1), mais c’est un tout autre référentiel qu’il m’importe d’évoquer dans ce petit sujet.
Derrière les images, il y a un/des regard(s), une/des culture(s), une/des intention(s). Face aux images, une liste similaire. L’absence d’image ne renvoie pas qu’au néant, au non-être d’un phénomène mais également à un rapport à l’image différent, à un autre mode d’information ou de communication.