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J’entre dans la carte en 1872 à Metz

Metz a défendu l’État au prix de la cité, alternant zones non aedificandi et emprises militaires. Entre la défaite de Charles Quint devant Metz (1553) qui signe le début de la protection française jusqu’aux guerres modernes, le fait militaire prime sur la logique de l’échange. Et lors de la première annexion en 1870, l’Empire allemand pare la ville d’une nouvelle architecture, de nouvelles casernes, modifie son dispositif défensif, qui va se retourner totalement pour faire face à la France et non plus à l’Allemagne.

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J’entre dans la carte à Ban Saint Martin

Les collectivités qui jouent le jeu de l’ouverture des données permettent au terreau politique et économique local de faire germer de nouveaux services sur un mode « circuit court » et au citoyen d’entrer dans sa carte. En quelques clics, voici comment entrer dans la carte à côté de chez soi, comprendre la fabrique du territoire en compilant les informations qui nous intéressent sur l’outil libre uMap développé par la communauté OpenStreetMap. Cet outil uMap est désormais référencé sur le portail des ressources de l’Éducation nationale.

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Fais ta carte…

En quelques clics, chacun peut compiler les informations d’un territoire pour saisir son évolution dans le temps ou mesurer ses aménagements. Développé par la communauté libre OpenStreetMap (OSM), uMap apporte ce service, permet d’embarquer sur des sites des cartes dont les fonds sont maintenus par une communauté mondiale.

Désormais référencé sur le portail des ressources de l’Éducation nationale, uMap fait l’objet d’expérimentations dans de nombreux établissements scolaires. Chacun peut s’en saisir grâce aux nombreux tutoriels en ligne.

Pour commencer > Écrire « uMap » dans son moteur de recherche, ouvrir et sélectionner « créer une carte », rechercher Ban Saint Martin dans l’outil loupe à gauche, activer le petit stylo en haut > renommer la carte, enregistrer et cliquer sur la clé à droite > copier le lien d’édition secret et le coller dans un document de texte.

Pourquoi ? > Ce lien est le seul moyen de retoucher la carte, une modification possible à partir de n’importe quel ordinateur. La carte est enregistrée sur le cloud, en France, et non stockée sur son poste. Il suffit ultérieurement de la cloner ou d’en exporter les calques pour la partager.

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GeoImage, la très haute définition et son décryptage à notre portée

Il y a dix ans, des images satellites d’une telle qualité étaient réservées aux militaires. Aujourd’hui, les clichés des satellites Pléiades (1) passent les portes des cours de géographie pour apporter les indices visibles depuis l’espace des mutations de nos sociétés. Une véritable révolution technologique que de rendre accessible la très haute définition : en 70 cm de résolution, un cliché de 20 km sur 20 km pèse 16 gigaoctets. Jusqu’à présent les contraintes techniques étaient restées maîtresses du jeu.

Soucieux d’ouverture des données, les géographes Laurent Carroué et Vincent Doumerc ont trouvé l’astuce. Ils viennent de présenter au FIG de Saint-Dié la naissance de GeoImage, le portail de cette initiative commune du CNES et de l’Éducation nationale. Objectif : communiquer des photos satellites retravaillées, et une sélection de zooms, accompagnées de fiches descriptives destinées aux cours de géographie et à la préparation des concours. Mais cela ne fait de mal à personne de voyager intelligemment.

Voici trois aperçus à des échelles différentes pour saisir les très nombreuses richesses de ce portail amené à s’enrichir chaque jour sur la base de contributions volontaires des géographes. Pas besoin de login, la compréhension des images est à vous…

Une perle de Polynésie française, Bora Bora, pour tous les yeux

Bora-Bora, l’une des îles de l’archipel de la Société en Polynésie française. Cette image est présentée dans l’article « Bora-Bora : la mise en tourisme d’une île de Polynésie française »

Prise par un satellite Pléiades le 5 février 2012, cette image est en couleurs naturelles (résolution native à 0,70m, ré-échantillonnée à 0,5m). © CNES

Pour mieux comprendre l’organisation de l’espace, il suffit de dérouler la fiche, de se promener dans les zooms.

Déroulé des zooms sur Bora Bora. Chaque zoom est chargeable en haute définition.

Lire les paysages géopolitiques autrement

On entrera dans les paysages géopolitiques par une thématique « Géopolitique et stratégie » à cette adresse : https://geoimage.cnes.fr/fr/thematiques.

Zoom sur la vieille ville politique et administrative d’Oulan-Bator, capitale de la Mongolie présenté dans la fiche « Oulan-Bator : mutations économiques et urbaines et sédentarisation des éleveurs nomades des steppes ». Ce cliché permet notamment de comprendre l’organisation du pouvoir et des influences pendant la guerre froide (ambassade d’URSS puis de Russie en limite gauche de la carte le long de l’avenue de la Paix, entourée de vastes espaces verts tout à côté du palais présidentiel), et depuis (ambassade de Chine, le point brillant tout près du campus universitaire).

Prise par un satellite Pléiades le 31 mai 2014, cette image est en couleurs naturelles (résolution native à 0,70m, ré-échantillonnée à 0,5m) © CNES.

Ouvrir ce site et s’intéresser à ces images décodées, c’est participer à une nouvelle communauté en cours de constitution. Des ponts sont déjà lancés à travers le monde, par le biais des lycées français notamment. C’est aussi s’intéresser à un volet important de la politique étrangère de la France, puissance spatiale. Selon les informations diffusées par le CNES (2) en avril 2018, « Avec 37 € par an et par habitant, le budget que la France consacre aux activités spatiales civiles est le 2e au monde, après celui des États-Unis, mais avant ceux de la Chine, de la Russie ou du Japon. » Il compose l’un des deux premiers piliers de l’Agence spatiale européenne, et l’un des principaux contributeurs au projet COPERNICUS qui veille sur notre environnement.

Principaux pays contributeurs au budget de l’ESA en 2018 (3) :
France (24,2 %)
Allemagne (23,1 %)
Italie (11,8 %)
Royaume-Uni (8,4 %)
Belgique (5,1 %)
Espagne (5,2 %)
Suisse (3,8 %)
Pays-Bas (2,3 %)

Notes:
(1) https://pleiades.cnes.fr/fr
(2) https://cnes.fr/fr/web/CNES-fr/11507-le-2eme-budget-au-monde.php
(3) http://www.esa.int/About_Us/Welcome_to_ESA/Funding

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Rentrée numérique :) SWAGG !!! Mon collège s’appelle GMAIL

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Prise de note en réunion, par Sophie Clairet.

Cette année, le collège de Titiswagg passe un cap. Comme il paraît qu’il faut se mettre au numérique, le professeur de technologie demande aux élèves de se créer un compte GMAIL pour travailler en classe. Titiswagg prononce ce mot avec une sorte de fierté, GMAIL c’est trop SWAGG !!! Bon, ses parents lui créent un compte « bidon » – juste pour qu’il puisse partager du Google.doc et un agenda avec son groupe de travail et son prof. Comment ce serait SWAGG d’avoir un mail sur la poste.net avec partage de doc… En même temps ils lui créent un compte chez leur fournisseur, celui là sera le sien personnel.

Déjà une usine à gaz… Combien de temps avant que Titiswagg se simplifie la vie et n’utilise plus que GMAIL ?

Comme il paraît qu’il faut fluidifier les communications, le nouveau CPE sort une adresse GMAIL pour qu’on lui adresse directement les absences. Cette fois, maman Titiswagg a le seum, et lève le doigt lors de la grande messe de rentrée pour lui demander « avez vous prévu d’utiliser votre plateforme numérique sécurisée – ENT administrée par Monsieur Atos, ndlr -, là où on trouve les devoirs et les bulletins scolaires, qui prévoit déjà un système de mail ? En fait tout est déjà en place, il faudrait que vous renseigniez le contact vie scolaire par exemple. Parce que c’est prévu pour, c’est sécurisé, on a des mots de passe qui réduisent le risque que quelqu’un envoie un mail à notre place, c’est hébergé en France. Pourquoi donc aller chez GMAIL et envoyer aux States les certificats médicaux de nos trolls ? ». La réponse du CPE, un peu gêné par la question, d’autant qu’il était vraiment très fier d’avoir trouvé une adresse GMAIL trop SWAGG : « Ben nan mais en fait, GMAIL c’est à l’essai, on verra au bout d’un an ». Et puis ajoute le chef d’établissement pour clore un débat imprévu « qui me prouve que ENT est plus sûr que GMAIL » ?

Maman Titiswagg a presque pu répondre – mais c’eût été fort malpoli, le sujet était passé à autre chose et les regards aussi :
– … « le logo de votre ministère et des départements, après si vous me dites que je ne dois pas avoir confiance, bon alors ne mettez pas non plus les bulletins et rendez les impôts… » ;
– « … demandez aux conservatoires de musique… leur système permet aussi d’envoyer des mails à des milliers de parents tout en se protégeant avec une adresse noreply… Et niveau citoyenneté, ce que vous faites, c’est un peu la honte par rapport aux pratiques des écoles du ministère de la culture… ».

Combien de temps avant que le collège se simplifie la vie et n’utilise plus que GMAIL ?

Décharabiseur :

EPI : Équipement de protection individuelle, selon la directive 89/686/CEE « tout dispositif ou moyen destiné à être porté ou tenu par une personne en vue de la protéger contre un ou plusieurs risque(s) susceptible(s) de menacer sa santé ainsi que sa sécurité au travail, ainsi que tout complément ou accessoire destiné à cet objectif. » Mais pour Titiswagg, c’est un « Enseignement pratique interdisciplinaire ».
Soclé : qui fait partie du socle commun de compétence, de connaissance et de culture tel que définit ici : « Le « socle commun de connaissances, de compétences et de culture » constitue l’ensemble des connaissances, compétences, valeurs et attitudes nécessaires pour réussir sa scolarité, sa vie d’individu et de futur citoyen. »
Cyclé : Ce qui est soclé (voir supra) est programmé dans un cycle d’enseignement et devient cyclé.
Seum : énervé ou triste.
Swagg : branché.

Sophie Clairet

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Kaléidoscope de printemps

La chaîne de télévision Arte vient d’étoffer son dossier « Souriez, vous êtes cybersurveillés ! » par un documentaire de 89 minutes.

« … il me semble que la vraie question reste à être posée. Le mot sécurité est l’un des mots les plus importants dans le monde d’aujourd’hui et c’est aussi le moins bien défini. La définition du mot sécurité suscite beaucoup d’interrogations, en particulier quand on l’associe avec ce que l’on appelle la sécurité nationale. Qu’est ce que la sécurité nationale ? La sécurité nationale de qui ? Sommes nous en train d’essayer de protéger ou de conserver ? Je pense que ces questions sont fondamentales… »
(Extrait du documentaire d’Alexandre Valentin)

Source

Dossier d’Arte : http://future.arte.tv/fr/cybersurveillance

Une perspective à venir dans le champ politique

Projet de résolution « Améliorer la protection des donneurs d’alerte » de Pieter Omtzigt, examiné lors de la session d’été de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (Strasbourg, 22-26 juin 2015). Présentation disponible à : http://www.assembly.coe.int/nw/xml/News/News-View-FR.asp?newsid=5481&lang=1&cat=5

Sophie Clairet

Image du haut : Un documentaire d’Alexandre Valentin (France, 2015, 89 min.) : mardi 24 mars à 20h50.

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L’influence organisée des mégadonnées ou l’apparente simplicité des défilés de mode des infographies

Les datavisualisations, ces fresques en graphiques et dessins se sont banalisées dans notre paysage. Mais de quoi parlent-elles ? Qu’est-ce qu’elles révèlent et veulent nous dire (approche minimaliste) ou nous faire penser (approche « neuromarketing »), de quelle construction du monde participent-elles (approche géopolitique) ?
Nous sommes très loin de la grotte de Lascaux où l’on dessinait avant l’invention de l’écriture – même si sms et autres tweets font oublier le sens des lettres, la musique des mots et des arguments. Aujourd’hui, les concours d’infographie récompensent la qualité de mise en forme des données (valeur esthétique) et son efficacité (valeur d’influence). A l’initiative de ces défilés, on peut citer la presse avec la Society for News Design (SND) basée en Floride et qui regroupe 2600 journalistes visuels* du monde entier, associée aux écoles de design comme l’université de Navarre à Pampelune pour le prix mondial d’infographie Malofiej décerné en mars depuis 22 ans. Les agences d’études de marché-marketing ont suivi le mouvement, avec notamment Kantar pour le prix « Information is beautiful » décerné en novembre depuis deux ans. C’est au tour des pourvoyeurs de mégadonnées d’une part et de « communautés d’intérêts d’utilisateurs » d’autre part de faire leur apparition sur la place. Voilà pourquoi on peut y trouver un intérêt géopolitique : quels sont les acteurs et que se passe t’il en termes de territoire de référence pour les sociétés ? Ce très court texte ne prétend pas donner des réponses mais organiser un certain nombre d’interrogations.

Sur ce sujet

J’ai commencé une première version en octobre 2013, avant l’attribution du prix Kantar 2013. L’angle d’attaque était alors « Défilés de mode chez les big datas ». La sous-représentation de l’Europe était tout simplement énorme alors même que se diffusait massivement la mode de la visualisation des données. Cela m’interpellait mais ma clé de lecture ne dépassait pas deux constats : la presse et les infographistes français étaient à la remorque de la mode (codes visuels « vintage » créés ailleurs), mais rien de nouveau depuis vingt ans si l’on regarde bien les nationalités des concurrents de Malofiej. J’ai mis en ligne un premier sujet Derrière les images que celui-ci complète.

Répartition des acteurs

En 2011, visualjournalism.com dressait le constat suivant pour le prix Malofiej dont les concurrents américains avaient remporté le prix : « Félicitation aux vainqueurs, et au reste du monde je dis : mettez-vous au travail pour que nous puissions obtenir des récompenses un peu équilibrées lors du Malofiej 20, annoncé comme un événement encore plus grand que d’habitude. »

Rules-in-infographic-worldL’infographie réalisée par le Danois Gert K. Nielsen, qui se présente sur Twitter comme « Business Owner at Emotion Infographics », était sans appel.

Trois ans plus tard, Malofiej 22 a récompensé surtout et avant tout The New York Times. Une représentation que n’a pas manqué de souligner le réseau brésilien nupejoc (Núcleo de Pesquisa em Jornalismo Científico, Centre de recherche en journalisme scientifique) « NY Times é o grande vencedor do Malofiej 22 ». Voici ce que l’on peut faire dire à la liste présentée sur le site de l’organisateur :

Malofiej

Le blog datavizualisation.fr a souligné pour sa part que pour la première fois un Français participait au jury – la rédactrice en chef de Courrier International. Il est bon de préciser que ce journal sélectionne et diffuse en France des articles issus de la presse mondiale. Ce sont des experts du New-York Times et de la NASA qui ont animé des ateliers.

Il est plus compliqué de distinguer par nationalité les concurrents et vainqueurs du prix Kantar, décerné à Londres dans quelques jours par le 2e groupe mondial en marketing et communication. Notons un changement de domaine, nous ne sommes plus dans le spectre de l’information de presse mais dans celui du marketing. Le site Kantar « Information is Beautiful » et la page Facebook dédiée au concours ne se prêtent pas à l’information : les sponsors ne sont pas mentionnés et les pays ne composent pas une donnée à communiquer. Le site donne le vertige en donnant à voir des dizaines de propositions pour six catégories : « Data Visualization, Infographic, Interactive Visualization, Motion Infographic, Tool et Website ». Notons également l’orientation clairement virale du concours, Kantar primant à la fois des réalisations et des outils de diffusion. Le seul sujet de l’exemple qui suit est typiquement « viral ».

You be the judge "uh" verus "um"

Une différence de taille par rapport au prix Malofiej : « You be the judge ! ». Pour cautionner le sérieux, deux lettres sont fournies à profusion sur ce site : « Dr » pour titulaire d’un doctorat.

Si les neurosciences ne sont pas loin dans un prix marketing, c’est qu’elles constituent un acteur du panorama. Elles ont elles-mêmes leur prix d’infographie qui offre notamment un séjour au MIT, dans le cadre de l’initiative Brain Research through Advancing Innovative Neurotechnologies (l’acronyme Brain signifiant aussi cerveau) lancée par le président Obama en 2013.

brainMIT Eye Wire – plate forme interactive du MIT qui appelle actuellement à participer à un jeu pour cartographier le cerveau – le fabriquant de microscopes FEI et la plate forme d’hébergement d’infographies visual.ly se sont associés pour lancer ce concours.

Or comme chaque géographe sait, quand on cartographie, c’est qu’en général on veut conquérir.

La phase actuelle est celle où l’individu crée lui même des infographies à partir des données qui lui sont proposées en utilisant des outils gratuits. Chacun d’entre nous s’approprie des informations qui nécessitaient auparavant pour les diffuseurs de lourdes campagnes publicitaires sans garantie d’être assimilées. Chacun d’entre nous va les diffuser à son propre réseau. Et il n’est pas interdit de penser que chacun d’entre nous émette sous d’autres formes encore, et sans y prendre garde, des données via l’utilisation d’outils gratuits de mise en forme.

Sophie Clairet

Image du haut : Image du concours de dataviz lancé par Google en 2012 à l’occasion des présidentielles françaises.

* Expression peu usitée en français, renvoyant à une catégorie de journalistes maîtrisant à la fois les vecteurs visuels et textuels pour diffuser l’information. On en trouve une définition sur Wikipedia et une utilisation dès 2009 aux Assises internationales du journalisme.

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OTAN : ses dépenses d’armements présentées depuis Stockholm

La base de données de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) permet de suivre l’évolution des dépenses d’armements engagées depuis 1989 à l’échelle mondiale. Depuis le 1er juillet, le SIPRI diffuse, en plus de cette ressource, une nouvelle base dédiée aux membres de l’OTAN, dont les données remontent à 1949 et qui présente des graphiques – c’est-à-dire une mise en forme visuellement efficace de quelques données triées. Cette nouvelle production scientifique intervient au moment où les médias évoquent une éventuelle intégration de la Suède et de la Finlande à l’Alliance atlantique et où la paix européenne est remise en question par la question ukrainienne. Données scientifiques versus contexte géopolitique et influence, peut-on démêler la pelote ?

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Mettre fin à la surveillance massive ou faire face aux conséquences : les documents

Séance au Parlement européen le 11 mars 2014. Le député Claude Moraes présente l'enquête. Capture d'écran de sa présentation
Séance au Parlement européen le 11 mars 2014. Le député Claude Moraes présente notamment l’idée d’un habeas corpus numérique. Capture d’écran de sa présentation

Le 12 mars 2014, le Parlement européen a adopté une résolution non législative dont les communiqués de presse titrent «  mettre fin à la surveillance massive ou à faire face aux conséquences ». Voici quelques liens vers les documents de six mois d’une enquête déclenchée suite aux déclarations d’Edward Snowden à propos d’une surveillance massive des citoyens et des intérêts économiques européens. Selon son rapporteur Claude Moraes (S&D, RU) « Il s’agit de la seule enquête internationale sur la surveillance de masse (…) Même le Congrès américain n’a pas mené d’enquête ». La résolution vise à instaurer un habeas corpus européen et à soutenir sur le plan règlementaire et industriel le développement de solutions européennes en matière de sécurité des réseaux, dans le contexte de l’accord de libre-échange UE-USA. L’enjeu économique est colossal, bien que souvent escamoté derrière des querelles sur le mode « tous espionnés », « on s’espionne tous » : « selon les prévisions, la valeur économique globale du marché de l’informatique en nuage équivaut à 207 milliards de dollars américains par an d’ici à 2016, soit le double de sa valeur en 2012 ». Voilà pourquoi la résolution propose de conditionner la signature du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) au respect des droits fondamentaux de l’UE. Parmi les mesures avancées et qui ont déclenché de vifs débats en séance le 11 mars, la « suspension immédiate » des principes de la « sphère de sécurité » (2) et de l’accord sur le programme de surveillance du financement du terrorisme (TFTP).

Les documents disponibles

La page de la Commission Libertés civiles, justice et affaires intérieures (LIBE) du site du Parlement permet d’accéder aux publications suivantes :
– Le Rapport sur le programme de surveillance de la NSA, les organismes de surveillance dans divers États membres et les incidences sur les droits fondamentaux des citoyens européens et sur la coopération transatlantique en matière de justice et d’affaires intérieures
Il convient de consulter également les amendements car ils permettent de dresser la liste des parlementaires qui s’intéressent au sujet et des sujets qu’ils entendent modifier. On notera par exemple la suppression par amendement de la référence à l’Allemagne dans l’article 122 (ici dans sa version initiale) « certains États membres de l’Union s’efforcent d’assurer une communication bilatérale avec les autorités américaines à propos des allégations d’espionnage et que certains d’entre eux ont conclu (Royaume-Uni) ou envisagent de conclure (Allemagne, France) des accords dits « de lutte contre l’espionnage »; souligne que ces États membres sont tenus de respecter pleinement les intérêts et le cadre législatif de l’Union dans son ensemble ; juge ces accords bilatéraux contreproductifs et inappropriés, étant donnée la nécessité d’une approche européenne de ce problème; demande au Conseil d’informer le Parlement de l’évolution des discussions menées par les États membres au sujet d’un accord mutuel de non-espionnage pour toute l’Union ; »
> Amendements et texte final disponibles sur la fiche de procédure.

– Le témoignage d’Edward Snowden du 7 mars 2014, repris dans la presse qui a fait état d’un « bazar européen » sans spécialement contextualiser ni s’étendre sur les autres volets de l’enquête européenne.

– La liste des personnes auditionnées – et de celles qui ont refusé de l’être.

– Le rapport Les programmes de surveillance des États-Unis et leurs effets sur les droits fondamentaux des citoyens de l’UE, de Caspar Bowden, remis en septembre 2013 à la Commission Libertés civiles, justice et affaires intérieures (LIBE) du Parlement européen.

Les vidéos

Programme de surveillance de la NSA, organismes de surveillance dans divers États membres et incidences… Cet enregistrement du 11 mars (veille du vote) donne à voir comment se positionnent les députés européens (du moins ceux qui se déplacent pour les séances plénières, une petite cinquantaine ce jour-là) et lesquels interviennent dans le débats au moment où le Congrès américain siège également sur ce type de sujet.

– Boucher les trous noirs des données personnelles en ligne
Courte vidéo synthétisant le sujet.

Intérêt pour GeoSophie

Mettre à disposition les liens vers des documents peu valorisés dans les médias français. Il n’en va pas de même partout en Europe, les document soulignent la mobilisation de l’opinion publique allemande, des parlementaires allemands et britanniques. La vidéo des débats montre trois postures : les parlementaires favorables au texte, ceux qui sont contre et se déplacent pour faire valoir leurs arguments (comme le Britannique Timothy Kirkhope) et ceux qui choisissent la politique de la chaise vide. Ces documents permettent également de changer d’échelle et de bien saisir la tension voire l’incompatibilité entre les priorités nationales (avec dans certains cas des accords bilatéraux avec les États-Unis) et européennes (finalement limitées aux droits fondamentaux).

Sophie Clairet

Notes

(1) Rapport sur le programme de surveillance de la NSA…, voir à Sécurité informatique et informatique en nuage, BO.
(2) Normes volontaires sur la protection des données pour les entreprises non-européennes qui transfèrent des données à caractère personnel de citoyens de l’UE aux États-Unis.