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Réussir son activité sans vitrifier la planète : L’intelligence économique du futur

Henri Dou, Philippe Clerc et Alain Juillet publient L’Intelligence économique du futur[1] en deux tomes, le premier dédié à Une nouvelle approche stratégique et opérationnelle, le second Une nouvelle approche de la fonction information. Les trois regards sont complémentaires, Henri Dou apportant son expertise à l’interface du monde universitaire – création du CRRM (Centre de Recherches Rétrospectives de Marseille) et du premier DEA de veille technologique -, Philippe Clerc celle de l’infatigable arpenteur depuis le monde francophone jusqu’aux Chambres de commerce, Alain Juillet l’approche sensible des dessous des cartes. Et encore ces quelques mots ne sauraient réduire plus de 100 ans d’expérience d’intelligence économique cumulés. Trois regards, deux tomes, et au final un objet du futur… Explications

Une vision et des valeurs

Il faudra bien deux tomes pour corriger les biais cognitifs qui s’empilent dans l’esprit des acteurs de l’intelligence économique tant ces derniers sont nombreux à oublier de se sentir concernés. Stop ou encore à chaque élection. C’est pas moi c’est l’autre. Cela ne nous concerne pas. De toute façon ça nous dépasse…
L’enjeu du futur est de faire entendre la petite musique d’une voie française profondément intelligente, ancrée dans la coopération.
On rappellera d’ailleurs au passage que ce n’est pas parce qu’elle est française que cette voie est la meilleure. On en trouve de nombreuses illustrations en observant la nature et dans bien des ouvrages qui montrent la courte vue de l’agressivité des sociétés humaines par rapport à la force des différentes formes de coopération.

Deux tomes, une galaxie de clés de lecture

IE

Le panorama du premier tome s’ouvre par un arrimage factuel à placer dans toutes les mains : intérêts des États-Unis, de la Chine, de la Russie, de l’Allemagne, etc. Les acteurs sont nommés, États, présidents, les doctrines décodées.
Une profusion d’exemples pour montrer les tendances longues et les « surprises » : « En Allemagne, l’abandon brutal du nucléaire par la chancelière pour des raisons électorales a été considéré comme un progrès » (p. 34).
Cette citation du livre est choisie pour sa pertinence en regard de l’actualité du jour : on trouvera d’ailleurs sur les réseaux sociaux l’illustration d’une guerre d’image certaine.
https://twitter.com/ValerieFaudon/status/1058505035439661061

L’ouvrage ne porte aucune idéologie et cet exemple ne doit surtout pas être compris comme illustration d’une approche pro- ou anti- quelque chose. Tout au contraire, il éclaire avec force les dommages que l’idéologie peut occasionner.

D’exemple en étude de cas, on saisit

  • l’importance de l’expérimentation
  • la force d’une équipe qui a su joindre ses talents, déjà autour de Henri Martre – les pères de l’intelligence économique sont par ailleurs présentés sur le portail de l’IE
  • la logique de réseau systématiquement convoquée pour lancer des ponts de coopération et gagner en influence
  • la volonté immuable de diffuser méthodes et outils qui libèrent l’individu des œillères et biais cognitifs et lui permettent d’innover.
  • en filigrane de bien des échecs, quelques constats qui ne stigmatisent pas la bêtise humaine mais pourraient bien éviter les équipes de Shadocks.

S’il est bien un sujet sur lequel les auteurs s’étendent peu, c’est leur propre panthéonisation[2] alors que les pages sont écrites par ceux-là mêmes qui ont fondé l’intelligence économique à la française. Ce type d’effacement derrière l’action se fait rare à l’heure de la communication d’orgueil. Voilà des experts au service d’une cause, qui la servent au mieux en empilant les briques de la maison intelligence économique : contexte, figures tutélaires, concurrents, biais…

Le second tome détaille la trousse à outil pour comprendre et pratiquer l’information en toute intelligence. Les citations sont là encore puissantes et nous engagent à réagir avant que le futur ne s’arrête au mur, invoquant les pères de la prospective, d’Olivier Guichard à Michel Godet. Avec en risque, la fin du rééquilibrage territorial et en espérance, la conquête des pleines capacités d’information de l’individu et des collectivités.
Aux acteurs des nouvelles Régions, des métropoles désormais en charge de développement économique de se saisir intelligemment de ces pages – c’est à dire librement en oubliant quelques minutes l’inféodation à une école idéologique. Il en va de l’emploi de chacun d’entre nous, de l’avenir de nos enfants, de notre capacité à naviguer dans les univers informationnels avec la liberté pour boussole et non le filtre d’une pensée déjà digérée à reproduire.

Outil pédagogique, opérationnel et pragmatique, et véritablement essentiel, merci.

Image du haut : La carte la plus précise de la Voie Lactée Crédit: ESA/Gaia/DPAC.

Sophie Clairet

Notes:

[1] Henri Dou, Philippe Clerc, Alain Juillet, L’Intelligence économique du futur, 228 et 230 pages – Octobre 2018, ISTE édition. (9,90 € au format e-book en PDF). https://iste-editions.fr/products/l-intelligence-economique-du-futur-1 et https://iste-editions.fr/products/l-intelligence-economique-du-futur-2
[2] On trouve en quatrième de couverture :
Henri Dou est président du think tank CIWORLWIDE et consultant international. Il a développé l’enseignement et la recherche en veille technologique, intelligence compétitive, analyse des brevets et développement régional.
Alain Juillet est président de l’Académie de l’intelligence économique et consultant international. Son expertise est reconnue en géopolitique, gestion de crise, influence, renseignement et sécurité au niveau international.
Philippe Clerc est président de l’Association internationale francophone d’intelligence économique et conseiller expert en intelligence économique internationale à CCI France.

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