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Acquisitions de terres. Une illustration des enjeux géopolitiques des données

Représentation Acquisitions de terres représentées par des liens entre pays d'origine et pays de destination. Capture d'écran du site Land Matrix le 14 juin 2013.

« The data should not be taken as a reliable representation of reality ».

Land Matrix évalue à 32,6 millions d’hectares la superficie des accords conclus depuis 2000 – soit moins de la moitié des estimations précédentes. Par la vérification des sources et leur travail de terrain, les chercheurs ont distingué les projets annoncés de ceux réellement signés, et les superficies effectivement mises en production. (Image ci-contre : Acquisitions de terres représentées par des liens entre pays d’origine et pays de destination. Capture d’écran du site Land Matrix le 14 juin 2013.)

Chercheurs et méthodes

Land Matrix réunit les travaux de chercheurs de cinq centres : Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD, France), Centre for Development and Environment (Ub, Suisse), German Institute of Global and Area Studies (GIGA, Allemagne), Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ, Allemagne). Land Matrix est coordonné par l’International Land Coalition (ILC, basée à la FAO à Rome).

Sont enregistrés les projets qui :

• entraînent un transfert des droits d’utilisation, de contrôle ou de propriété des terres par la vente, le bail ou la concession ;
• ont été lancés depuis 2000 ;
• couvrent une superficie de 200 hectares ou plus ;
• impliquent la conversion potentielle des terres dédiées à la production à petite échelle, à l’usage de communautés locales ou qui jouent un rôle important dans l’écosystème, vers un usage commercial ;
• concernent la production agricole, l’exploitation du bois, le commerce du carbone, l’extraction de minéraux, l’industrie, la production d’énergies renouvelables, la protection de l’environnement et le tourisme ;
• concernent des pays à faible et moyen revenu.
Conformément aux usages de la recherche, Land Matrix présente sur cette page une analyse critique.

Des résultats ouverts à tous, vérifiables et actualisés

Accessible sur le site Land Matrix, la base de données est consultable suivant plusieurs niveaux de lecture. L’entrée est visuelle, répond au besoin de chacun, que l’on soit guidé par le souci de la localisation, de la comparaison, de l’intérêt pour l’usage final, de la réalisation ou de l’échec du projet, etc. La table source est téléchargeable sous plusieurs formats, incluant l’origine et la destination par État, le nom de la société acquéreuse, la superficie prévue, réalisée et réellement mise en culture mais également la date et la source des informations.
Tout cela permet également à chacun de réaliser ses propres documents comme celui présenté infra.

deals2013

En février 2012, le groupe américain Blattner Elwyn a repris la concession du germano-suisse Danzer qui exploitait deux millions d’hectares de forêts en RDC. Le score obtenu par les États-Unis dans ce pays est récent, il a largement profité des scandales qui ont secoué Danzer et ne semble pas avoir été empêché par la guerre.

Intérêt pour GeoSophie

Valoriser la méthode scientifique et les vérifications de terrain à l’heure où se généralise la collecte à la volée de données issues des communiqués de presse rarement démentis une fois le scoop passé.
Notons que la grande majorité des acquisitions de terres provient des États-Unis et non de Chine – auto-suffisante pour dix ans encore selon le rapport conjoint publié par l’OCDE et la FAO le 6 juin 2013. Cet élément est souligné par Ward Aseuw, chercheur du CIRAD, dans son entretien à la BBC « « In the press you see China everywhere, but in the database there is not as much China as we think there is. » »

Sophie Clairet

Image du haut : Paysage africain (Kivu). Cliché ONU.

Pour aller plus loin :

Voir les entretiens accordés par Ward Aseuw comme :
« Les achats internationaux de terre revus à la baisse de moitié », Ouest France, 14 juin 2013

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