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Une conférence venue d’ailleurs : the world’s leading economists speak to the BBC

Grand amphithéâtre de la Sorbonne le 13 décembre 2013, avant la conférence. Cliché par Sophie Clairet
Grand amphithéâtre de la Sorbonne le 18 décembre 2013, avant la conférence. Cliché par Sophie Clairet

Voici quelques impressions à chaud juste après l’enregistrement que la BBC a fait de Nassim Nicholas Taleb dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne le 18 décembre. Ces impressions (ne pas confondre avec analyse, ce texte étant d’ailleurs indexé en « récits ») réservées d’abord à quelques amis, je décide de les placer en ligne car elles composent une sorte de diptyque avec « la conférence venue d’ici ». Assister aux deux permettait de comprendre chacune un peu différemment.

Un portier en grande tenue tient la porte, des étudiants en jeans arborant un pull marqué à l’université Paris Dauphine se chargent du vestiaire et guident l’auditoire jusqu’au grand amphithéâtre — en français. Les gens arrivent au compte-goutte, l’amphithéâtre est très calme malgré toutes les boiseries et se remplit sans cohue et sans bruit.
Dans la salle, une majorité de jeunes, essentiellement en jeans, au tout premier rang quelques personnes plus âgées. Au-dessus de l’assistance les bustes de Richelieu, Pascal, Rollin, Lavoisier, Descartes et Robert de Sorbon. De part et d’autre de l’estrade en hauteur près de Richelieu et de Sorbon, Liberté — Égalité — Fraternité, sur les portes les lettres R F entrecroisées. La fresque représente les arts, les sciences, l’électricité comme signe de progrès, etc.

À 18 h 45 essai de son, à partir de ce moment-là, à part quelques phrases de bons mots en français au début, tout sera en anglais. Un représentant de l’université se dit en anglais très heureux d’accueillir la BBC et Nassim Nicholas Taleb.
Quelques minutes plus tard, deux très jeunes musiciens s’installent.
La musique remplit la salle pendant 30 minutes.
Le présentateur de la BBC entre, présente Nassim Nicholas Taleb comme l’une des personnalités les plus intelligentes et influentes de notre époque, en dresse le parcours.
Nassim Nicholas Taleb entre sous les applaudissements.

19 h 15 — 19 h 45 : Procuste, la dinde, les cygnes noirs présentés par anecdotes sur le ton de la conversation, pas de courbes ni de chiffres, de la vie, des exemples concrets.
19 h 50 — 20 h 10 : Questions de la salle (en anglais également). L’une porte sur l’adaptabilité de l’État français, la question est renvoyée à plus tard, « l’antifragilité viendra après ».
20 h 10 — 20 h 35 (mon départ, heure théorique de fin) : Antifragilité, reprise d’éléments de l’ouvrage. Des exemples imagés, la machine à laver/le chat. À une question du journaliste lui demandant s’il est contre le plan, Nassim Nicholas Taleb répond que non, qu’il est contre la latence, contre le fait qu’on (we) ne stoppe pas pour prendre du recul et réorienter. À la suite de quoi, il enchaîne sur le système bancaire comme contre exemple d’antifragilité. Il évite le terrain politique.

Ma perception des choses

Séduite par le décor, la politesse et la simplicité des étudiants, par leur nombre dans l’assistance, par l’arrivée de deux jeunes musiciens, par la musique.
La qualité du son lors de la conférence n’était pas au rendez-vous, des échos, surtout pour Nassim Nicholas Taleb qui parlait dans sa barbe avec un accent américain. Tout cela m’a conduit à être un peu en retrait du contenu dont je ne percevais pas forcément toutes les nuances. J’ai donc plutôt saisi l’orchestration, la forme. Et ce qui m’apparaît est une représentation d’une redoutable efficacité. La musique, contemporaine, tantôt rythmée tantôt apaisante, était une machine d’attendrissement formidable. Adaptée à l’auditoire, jeune. La langue uniquement anglaise avait trié l’élite de l’université d’élite de la France. Nassim Nicholas Taleb disait peu ou prou la même chose que dans ses livres, mais l’entendre dire en anglais sous les ors de la République française, et avec une orchestration de la BBC me dérangeait. Autant je trouve stimulant de le lire, autant dans ce contexte là, je n’ai pu m’empêcher de penser à une belle œuvre d’influence, les ingrédients du neuromarketing via la BBC y étaient.

Sophie Clairet

Conférence disponible : http://www.bbc.co.uk/programmes/p01p174q

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