Une doctorante qui commençait une recherche de géographie sur les images de paysages à l’écran a demandé ma thèse en 2017, dans un commentaire sur GeoSophie. J’ai assemblé quelques fichiers permettant une recherche par mots clés, tout en m’excusant de ne pas avoir de possibilité de transmettre les figures. Pas de trace « numérique ».
J’ai mesuré à quel point les supports avaient évolué en retrouvant « l’exemplaire trésor », c’est à dire une pile composée de feuilles imprimées, de collages de cartes, et autres feuillets. En 2000, les scanners personnels n’étaient pas légion.
Il aura fallu un an pour que je me décide à trouver important de m’enterrer une journée pour assembler les fichiers et scanner les images, créer un seul fichier au format archive ouverte. Et le déclencheur, ce fut de trouver belles et intéressantes des photographies des années 1980 versées en archives ouvertes montrant des élèves dans des cours d’écoles de Haute-Provence. Ni ridicules, ni dépassées, non. Par chance, une bonne fée mettait un petit tweet pour signaler chaque versement. Un jour de promenade virtuelle, je me suis donc décidée. La petite fille qui jouait dans la cour m’avait convaincue.
Merci aux archivistes d’Aix-Marseille Université pour leur écoute. Échanger avec des professionnels qui ont le sens du partage du savoir, quel grand moment de paix intérieure.
Je mesure chaque jour un peu plus l’importance des communs, du libre, de la science ouverte. En plus d’être géographique, cette archive ici en lien permet de mesurer comment nos sociétés ont changé. Des régions ont disparu, les ambitions euroméditerranéennes ont été revues, les printemps, crises, guerres et désespoirs ont atteint tous les rivages de la Mare Nostrum. L’identité et le territoire se sont invités partout – à se demander d’ailleurs où le prochain retour de balancier nous conduira.
Sophie Clairet
Paysage, identité régionale: les représentations télévisuelles des territoires dans l’arc méditerranéen,
Résumé :
La création des régions administratives s’accompagne de l’apparition de télévisions ou d’antennes régionales qui contribuent à promouvoir une image du territoire régional. L’étude des paysages médiatisés dans les magazines télévisés régionaux depuis le début des années 1990 permet au géographe de comprendre comment s’opère l’ancrage identitaire. L’espace couvert par l’étude comprend différentes régions de l’arc méditerranéen de l’Europe afin de conduire une analyse comparatiste. Une première partie considère les paysages médiatisés comme des miroirs de l’identité et définit trois catégories : les lieux, les espaces naturels et les territoires. Cette typologie permet en second lieu de décomposer le territoire régional des représentations notamment à travers la place accordée aux capitales, aux localités secondaires et aux fonctions économiques. L’identité se forme également dans un rapport dialectique à l’Autre et la dernière partie de l’analyse recherche, en changeant d’échelle, les trajectoires opérées par les magazines et les télévisions dans l’arc méditerranéen et plus largement en Méditerranée. L’ensemble permet de proposer une typologie dynamique de ces régions, entre régionalisme et néo-régionalisme. Les méthodes utilisées croisent les outils quantitatifs (statistiques, cartographiques), qualitatifs (analyse d’images et de textes), et les recherches conduites en histoire, en ethnologie et en sociologie.