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Changer d’échelle en Lunigiana

Panorama depuis les collines de Montemarcello, juillet 2016. Cliché Sophie Clairet
Panorama depuis les collines de Montemarcello, juillet 2016. Cliché Sophie Clairet

Au delà des forêts qui tapissent la colline de Montemarcello, s’étendent la succession des marinas et plages sur le front de mer et la plaine lagunaire enrichie par les eaux du Magra, plantée de cultures maraichères. Ces terres recouvrent en partie l’antique cité de Luna, capitale historique de Lunigiana et grand port impérial d’où partait le marbre de Carrare – baptisée Luna en l’honneur de la déesse de la Lune.
Au second plan les villages perchés, dominés par les enceintes médiévales des Malaspina, abritèrent à partir du XIe siècle les habitants chassés par l’ensablement du port, le paludisme et l’insécurité qui sévissaient dans les lagunes. Une vingtaine de châteaux, édifiés par la famille des Malaspina ou qui leur furent confiés, coiffent encore les reliefs. L’arrière-plan s’arrête à une dizaine de kilomètres dans les Alpes Apuanes, dont les carrières de Carrare sculptent la silhouette depuis des millénaires.
La via Francigena traverse ce paysage, reliant Rome à l’Europe du Nord, serpentant entre les collines et remontant la vallée du Magra. La Via Statale n°1 (route nationale n°1) et l’autoroute A 12 installées dans la plaine, suivent la même direction.

Le refuge où Dante élabora une nouvelle paix

Ce paysage profondément humanisé n’a guère de naturel que les dauphins qui peuplent les eaux calmes. Cette zone frontière entre Ligurie et Toscane, entre Mer et Terre, fut jadis la limite entre le Génois et le Toscan, mais aussi une terre d’opposition entre Guelfes et Gibelins, une zone de conflits entre évêques de Luni et marquis de Malaspina, puis entre évêques et bourgs aspirant à l’indépendance.

Château Malaspina à Fosdinovo (Province de Massa-Carrara), où Dante fut accueilli. Juillet 2016. Cliché Sophie Clairet
Château Malaspina à Fosdinovo (Province de Massa-Carrara), où Dante fut accueilli. Juillet 2016. Cliché Sophie Clairet

La guerre, les querelles, les rapines se sont achevées par le traité de Castelnuovo-Magra ou « Paix de Dante » en 1306. Dante Alighieri mit en pratique l’hégémon décrit dans De monarchia, ce type de paix qui voit un souverain au dessus des autres leur imposer sa paix.

Au XIIIe siècle en Lunigiana, l’influence des marquis de Malaspina s’imposa face à celle des Évêques-Comtes qui finirent par disparaître de la vie politique. A ceux qui craignaient alors qu’une telle situation d’hégémonie aux mains d’un homme nourrisse la guerre, Dante répondait que quelqu’un de si puissant souhaiterait la stabilité.
C’est sous la belle lumière et à travers les paysages morcelés de Lunigiana que s’élabora sous la plume de Dante l’une des plus anciennes défenses de l’idéal civique. Dante y gagna d’être mis à l’index par l’Église jusqu’en 1880.

Leçons de Rome

Bien que les papes soient affaiblis, le Saint-Empire ne sut tirer profit de la paix de Dante. L’argumentaire était prêt mais l’empereur décéda trop tôt. Voici une lecture de Thierry Menissier qui éclaire l’idéal civique que Dante place dans l’empire : « Le peuple qui dans l’histoire du monde a triomphé par les armes et qui a imposé à presque toute l’humanité « sa » paix n’est pas n’importe quel peuple : c’est le peuple qui a promu le droit romain, c’est-à-dire celui qui a imposé sur le territoire de sa conquête la loi rationnelle valable pour tous (et non pas l’arbitraire de la volonté personnelle). Toute l’histoire du monde a même basculé autour de cet événement : l’extension à un vaste ensemble territorial de la juridiction civile unifiée inventée par les Romains. Le génie de ces derniers – expression de la « grâce spéciale » qui leur a été accordée – est d’avoir incarné la possibilité du règne de la loi ; le paradoxe de l’histoire veut que cette possibilité en soit passée par la conquête armée. » (Monarchia de Dante : de l’idée médiévale d’empire à la citoyenneté universelle)

Un havre de paix face aux nouveaux empires

Dans le centre de Carrare, la vitrine d'une boutique délaissée devient support politique. Juillet 2016. Cliché Sophie Clairet.
Dans le centre de Massa, capitale de la province et municipalité de gauche radicale Arc en Ciel, la vitrine d’une boutique délaissée devient support politique. Juillet 2016. Cliché Sophie Clairet.

Ce havre de paix façonné par l’histoire, la culture et la douceur de vivre m’a accueillie pour quelques jours de vacances le lendemain d’un attentat qui endeuillait la promenade des Anglais. En ce mois de juillet 2016, les augures de la finance prédisaient l’effondrement du système bancaire italien. Très vite, il apparut que ni les papes, ni l’empire, ni la terreur, ni la finance n’avaient pris le pouvoir dans ces contrées. Les autochtones s’étaient débarrassés du système, pas de femmes voilées, pas de policiers surarmés, « No bankomat ». Se promener avec une carte bancaire limitait grandement l’interaction avec l’économie locale alors que des espèces sonnantes et trébuchantes en poche permettaient d’accéder à des productions autant diversifiées que le permettait la variété des paysages. Partout des terres en culture, des fabriques transformant le marbre, des boutiques ouvertes jusqu’à point d’heure, des familles faisant la passeggiata. Très peu de touristes étrangers, très peu de touristes voilés, beaucoup de calme et de paix. Des enfants qui courent dans de grands éclats de rire.

Sophie Clairet

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Délaissée glaciaire

Tour Bismarck de Metz édifiée en 1902 sur le Mont Saint Quentin. Ce modèle Crépuscule des Dieux est semblable à celui de Stuttgart. Cliché Sophie Clairet. Août 2015.
Tour Bismarck de Metz édifiée en 1902 sur la butte dite Charles Quint (Mont Saint Quentin actuel). Ce modèle Crépuscule des Dieux est semblable à celui de Stuttgart. Cliché Sophie Clairet. Août 2015.

Depuis mon arrivée près de Metz, j’ai découvert petit à petit un nouveau paysage que je nommerais « délaissée glaciaire » (1) de la géopolitique. Il est fait de bases militaires abandonnées, mais cela se voit à peine dans ce pays sans volets. A Longeville-lès-Metz, on voit davantage les pancartes à louer, à vendre, commerce à céder. Sur les hauteurs pullulent les pancartes rouillées de « Terrain militaire ». S’y risquer ? Chacun prévient que dans ces hautes herbes les tiques prolifèrent et emmènent avec elles la maladie de Lyme.
Si on regarde bien, Metz a t-elle fait autre chose avec sa rente de situation acquise auprès des évêques, empires et autres officiers que les pays producteurs de pétrole africains avec leur or noir ? Le butin tombait tout seul grâce à une situation géographique qui permettait à la ville de monnayer son allégeance.
C’est au dessus de Metz que culmine la seule tour Bismarck édifiée sur le territoire de la France actuelle, vestige parmi tant d’autres d’une redoutable place forte. Il est bien possible que cette attractivité tombée toute crue nourrisse ces mantras étonnamment insistants chez les autochtones que la Lorraine est la plus belle région de France et Metz la première merveille du monde (2). Avec tout l’humour des revers de l’Histoire, l’heure a sonné pour la délaissée glaciaire de se trouver un nom et une vocation. Les communicants sont en effet saisis, et déjà la presse bruisse : en septembre sera lancée une « marque de territoire ».

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Scène de jeu pour paysage de guerre

Plaine d'Alsace vue du Haut-Koenigsbourg. Retouche d'image et crayons de couleurs. Cliché Sophie Clairet, 29 décembre 2015.
Plaine d’Alsace vue du Haut-Koenigsbourg. Retouche d’image et crayons de couleurs. Cliché Sophie Clairet, 29 décembre 2015.

Sur mon ordinateur, en fond sonore les milliers d’émissions sur Charlie. Je me souviens de l’an passé. Et soudain, je comprends ce qui m’a gênée dans le documentaire « Cellule de crise », Attentats 2015 : dans le secret des cellules de crise diffusé dimanche sur France 2. Il manque un acteur.

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L’agressivité, la nature et les sociétés humaines

L'une des sculptures qui composent les menhirs de l'Europe. Elles furent installées par une trentaine d'artistes sur la frontière entre Launstroff (F) et Wellingen (D) pour témoigner de la paix entre les nations. Cliché Sophie Clairet, septembre 2015.
L’une des sculptures qui composent « les menhirs de l’Europe ». Elles furent installées dans les années 1990 par une trentaine d’artistes sur la frontière entre Launstroff (F) et Wellingen (D) afin de témoigner de la paix entre les nations. Cliché Sophie Clairet, septembre 2015.

L’agressivité est liée à la vie dans la mesure où chaque être vivant est obligé de s’inscrire dans un environnement où évoluent d’autres êtres vivants. Il doit donc se faire une place au soleil. Cette caractéristique de la vie elle même est équilibrée par un autre mouvement, celui de la solidarité. L’agressivité ne peut se concevoir indépendamment de la solidarité.

Avec l’aimable autorisation d’Areion Group, voici la reproduction d’un entretien que m’avait accordé Jean-Marie Pelt (1933-2015) pour le magazine Diplomatie n°7 publié en février 2004. Professeur émérite de biologie végétale et de pharmacologie, président de l’Institut européen d’écologie, il a nourri ses ouvrages par l’observation de la nature.

C’est malheureusement ce qui a été tiré comme leçon des écrits des naturalistes du XIXe siècle et de Darwin en particulier, dont on a quelque peu travesti la pensée et tiré la fameuse idée de la loi de la jungle et du « struggle for life ». Leur pensée s’est trouvée exagérée et retraduite dans le domaine social dans les grands systèmes politiques qui ont fonctionné depuis le XIXe siècle, Marx d’un coté et la lutte des classes – la lutte étant le moteur de la société – et le libéralisme où la concurrence sévère et acharnée est un facteur d’agressivité très important. Ces systèmes ont composé un décalque des écrits des naturalistes de l’époque. On disait que la société était à l’image de la nature, la nature était la loi de la jungle donc la société était nécessairement fondée sur l’agression. Les penseurs de ce temps n’ont absolument pas vu l’importance des solidarités dont on prend conscience aujourd’hui. Le terme « solidarité » est d’ailleurs un mot très chaleureux, qui en appelle aux sentiments. Il est nécessaire au fonctionnement des sociétés beaucoup trop agressives. Ajoutons que le XIXe siècle est en contradiction avec le XVIIIe, siècle des Lumières dominé par Jean-Jacques Rousseau et des philosophes qui imaginaient le contraire : une société internationale fondée sur le Droit, apaisée, développant la coopération internationale et le bannissement de la guerre. Et il est certain que ces philosophes auraient été très surpris de voir l’importance qu’a acquis l’agressivité dans nos sociétés. La société des Lumières allait jusqu’à se demander s’il était convenable de placer des fourchettes et des couteaux – symboles d’agressivité – sur la table. Ces penseurs allaient très loin dans la recherche de la fraternité humaine. Le XIXe siècle a renversé complètement la donne, déjà annoncé il est vrai par les guerres napoléoniennes et les aspects violents de la Révolution françaises. C’est à ce moment là que les choses se sont inversées. Après la période, très prometteuse dans l’histoire, que fut ce siècle des Lumières, nous nous sommes engagés dans ce modèle, qui perdure encore aujourd’hui, du « chacun pour soi » et de l’agressivité, qu’elle se développe sur le plan commercial, sur le plan de la violence. S’agissant des guerres, les hommes n’en ont toujours pas éloigné les spectres en ce début de millénaire.

L’amour et la guerre

A contrario, les animaux de très nombreuses espèces ont inventé des systèmes qui régulent et diminuent l’agressivité, voire l’éliminent parfois complètement. Très nombreuses sont les espèces où fonctionnent ces mécanismes, de sorte que les individus de mêmes espèces ne se tuent pas entre eux. Le dernier exemple, très proche de nous, est celui des singes bonobos, qui pratiquent le « faites l’amour et pas la guerre ». Leur sexualité inhibe leurs comportements agressifs. On voit même certains comportements agressifs devenir des comportements de parade amoureuse et par conséquent changer de signification. Dans l’acte sexuel la pénétration, mouvement d’agression initialement, s’inverse complètement et l’amour et la postérité l’emportent in fine.

L’humanité et la guerre

Les bilans des guerres des hommes sont tout à fait tragiques. Les bandes de chimpanzés s’affrontent sur un champ de bataille. Ce n’est que lorsque tout se déroule mal que le combat fait un mort. Nous avons pourtant toutes les sagesses, toutes les philosophies, toutes les religions : tout ce discours est entendu par l’humanité mais n’a pas réussi collectivement à empêcher les dégâts dus à l’agressivité et à la violence. C’est une caractéristique tout à fait inhérente à notre espèce. Et je me pose toujours cette question : on voit bien que de très nombreuses personnes dans la plupart des religions recherchent la paix, la solidarité, la fraternité. Il existe des vies exemplaires, celles de saints, mais collectivement la régulation de la violence ne fonctionne pas. Les pulsions collectives d’agressivité et d’agression des peuples et des civilisations sont encore très fortes aujourd’hui.

Le parcours du chef : une sélection par l’agressivité

La prééminence du chef est une donnée très forte, qui se manifeste à partir de l’organisation des animaux supérieurs. Les invertébrés ne forment pas entre eux de collectivité organisée. Dès que la collectivité est structurée et organisée, se dégagent des chefs, généralement au cours de combats – chez nous les élections sont un combat symbolique. Il faudrait souhaiter que le chef ne soit pas l’individu le plus agressif mais le plus gentil. Ce type de sélection existe chez des sociétés de chimpanzés où il arrive que le chef soit celui que le groupe aime le plus. Dans la plupart des cas cependant, le chef s’impose surtout par la force de son poing ou de ses arguments. Evidemment, à ce jour, l’essentiel du travail pour nos hommes politiques est d’être aimés – ce qui n’est pas toujours le cas puisque les aptitudes requises précisément pour devenir le chef ne sont pas précisément les qualités d’aménité.

Le rôle des comportements sociaux culturels ritualisés

Lorsque vous débarquez au Japon vous êtes très frappé de la société où les ritualisations sont très fortes. Il n’y a pas d’agressivité dans la rue, le métro. Les Japonais ont travaillé sur le polissage ritualisé des relations humaines. C’est exactement le contraire qui se produit lorsqu’on parle chez nous actuellement d’incivilité. L’incivilité revient à l’absence de rituels. Ne pas dire bonjour ou s’agresser verbalement, tous ces comportements n’existeraient pas si se développaient des ritualisations dans les relations entre les êtres humains. Nous sommes dans une société très déstructurée, on le voit bien par rapport au Japon. Ces rituels de comportement qui ont pour but de réguler l’agressivité, tels que la courtoisie ou la politesse, étaient des méthodes utiles au bon déroulement des relations humaines.

L’Homme et la nature

L’Homme est à la fin de l’aventure. Mais l’Homme parce qu’il a développé une capacité de raisonner détient une responsabilité très grande, qui ne s’exerce pas seulement pour sa propres espèce, mais vis-à-vis des autres espèces dans la mesure où il est capable de les faire disparaître. Il est en fait le responsable, le gardien du jardin comme dit la Bible. Dans cette idée du jardin, transparaît celle des espèces qui pourraient être cultivées. Les musulmans parlent de la place de l’Homme comme lieutenant d’Allah sur la terre. C’est toute l’aventure de l’écologie que de mettre l’Homme devant ses responsabilités, face à l’évolution même de la vie sur la planète. Or il les assume très mal. Il a perdu le sens des responsabilités. Il faut qu’on réintègre dans le mouvement de l’éducation, dans les écoles, ce que les Anciens appelaient la règle d’or et qui s’exprimait par une phrase très simple : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’il te fasse ». Cette règle se retrouve dans toutes les religions sans aucune exception. C’est le code du vivre ensemble. Je pense que nous devrions fonder notre stratégie éducative sur l’apprentissage de cette règle simple très tôt dans les processus éducatifs. On parle de l’instruction civique, de la morale dans les écoles. Mais cette phrase que l’on trouve mot à mot dans tous les textes sacrés doit apparaître très tôt. Il faudrait faire aux autres ce qu’on aimerait qu’ils nous fassent à nous mêmes. C’est le contraire de l’agressivité.

Propos de Jean-Marie Pelt recueillis par Sophie Clairet.

Pour aller plus loin :

– Jean-Marie Pelt, La loi de la jungle. L’agressivité chez les plantes, les animaux, les humains, Fayard, Paris, 2003, 280 pages.
– Centre Jean-Marie Pelt : http://www.centrejeanmariepelt.com/
– Diplomatie n°7, Areion Group, février-mars 2004, 92 p.

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Parties civiles

Une pensée émue pour ces petites victimes oubliées, nos enfants que l’on enferme. Leur horizon se réduit, quels mondes découvriront-ils au-delà des tablettes. En ferions-nous des drones ?

Je pense à ceux-là que l’école ne conduisait déjà plus dans les musées, devenus inaccessibles. Comment organiser un transport en toute sûreté ? Trop compliqué. C’était pourtant si chouette de s’y rendre avec les copains et le professeur. On apprenait autrement, on touchait l’Histoire, on traversait le savoir, on y cheminait comme dans un paysage. Au retour, on se jetait sur ces « mille » photos toutes un peu ratées. Mais on les a gardées, elles sont palpables et bien réelles, en provenance de ce temps des pellicules développées.

Aujourd’hui, un bien triste sanctuaire gagne un cran insoupçonné tant il est loin du bruit et du fracas. Il se laisse saisir dans le carnet de correspondance d’un petit collégien (voir photo).

Nos enfants ne connaitront donc pas cette plongée en débrouillardise qu’était de passer sans papa ni maman une ou deux semaines dans un autre pays, d’y assister à des cours en langue étrangère en vivant dans une famille qui ne parlait pas un mot de français, le tout gratuitement et pour tout le monde. Car tout se passait au sein de l’école de la République avec ses professeurs, et non dans une colonie pour gens de bien.

Le correspondant, ce copain était toujours un peu « forcé » : on apprenait à « faire avec », on touchait concrètement ces différences de cultures qui commencent à la frontière. Voilà, à l’heure où tout est à portée de main, lui aussi devient inaccessible.

Je me souviens de mon bonheur d’avoir connu tout cela. Nos enfants peuvent bien se porter parties civiles des replis que nous leur édifions. Dans le plus grand silence, sans caméra, sans pleur ni grand stratège, nous enfermons notre avenir. Il ne peut pas le savoir, lui qui nous fait confiance.

Sophie Clairet

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Bain de forêt au bord du Loing

Sur les bords du Loing, mai 2015
Sur les bords du Loing (France, Loiret) en mai 2015, appel à la sieste, à la détente. La douceur de vivre comme évidence. Cliché par Sophie Clairet

Ce qu’est un bain de forêt au Japon

Le terme de Shinrin-yoku (bain de forêt) fut inventé par le ministère nippon de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche en 1982. Une étude académique japonaise démontre les bienfaits de la Nature, plus précisément les effets physiologiques de la forêt ont leurs chiffres et leurs graphiques.
Le pays du soleil Levant accrédite plus de 40 forêts pour leur valeur anti-stress.
D’un océan à l’autre, la pratique du Shinrin-yoku et l’intérêt pour une valeur thérapeutique de la Nature gagnent les États-Unis. L’État de New-York documente d’ailleurs une corrélation entre disparition des frênes suite à une attaque de parasites et hausse des décès suite à des affections pulmonaires.

Opportunité de ce hors-sujet

Un petit clin d’œil à la « forêt japonaise » mise à l’honneur dans le film The Sea of Trees présenté au Festival de Cannes ces jours-ci. Le film est tourné au pied du Mont Fuji à Aokigahara, forêt tristement célèbre pour les dizaines de suicidés par an que la Police y retrouve.

Pour aller plus loin

  • 3- L’étude scientifique japonaise citée dans de nombreux médias : The physiological effects of Shinrin-yoku (taking in the forest atmosphere or forest bathing): evidence from field experiments in 24 forests across Japan
    http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2793346/
  • 2- Un prolongement aux États-Unis : New-York State Department of Conservation
    http://www.dec.ny.gov/lands/90720.html
  • 1- Penser à aller se balader en forêt pour de vrai, sans attendre des statistiques et des études académiques.

Sophie Clairet

Image du haut : Un samourai espagnol pionnier du Shinrin-yoku en Europe (image Wikipedia)

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Kaléidoscope de printemps

La chaîne de télévision Arte vient d’étoffer son dossier « Souriez, vous êtes cybersurveillés ! » par un documentaire de 89 minutes.

« … il me semble que la vraie question reste à être posée. Le mot sécurité est l’un des mots les plus importants dans le monde d’aujourd’hui et c’est aussi le moins bien défini. La définition du mot sécurité suscite beaucoup d’interrogations, en particulier quand on l’associe avec ce que l’on appelle la sécurité nationale. Qu’est ce que la sécurité nationale ? La sécurité nationale de qui ? Sommes nous en train d’essayer de protéger ou de conserver ? Je pense que ces questions sont fondamentales… »
(Extrait du documentaire d’Alexandre Valentin)

Source

Dossier d’Arte : http://future.arte.tv/fr/cybersurveillance

Une perspective à venir dans le champ politique

Projet de résolution « Améliorer la protection des donneurs d’alerte » de Pieter Omtzigt, examiné lors de la session d’été de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (Strasbourg, 22-26 juin 2015). Présentation disponible à : http://www.assembly.coe.int/nw/xml/News/News-View-FR.asp?newsid=5481&lang=1&cat=5

Sophie Clairet

Image du haut : Un documentaire d’Alexandre Valentin (France, 2015, 89 min.) : mardi 24 mars à 20h50.

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Génération ZZ

Après le BYOD, le MYOD

(Make Your Own Device)

Sophie Clairet

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Litiges commerciaux 2014

L’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) a enregistré 14 différends en 2014, contre 20 en 2013 et 28 en 2012, soit une réduction de 50% en deux ans. Le Brésil mis à part, l’Amérique centrale et Latine est sortie du tableau. L’Europe et l’Asie enregistrent cette année 2014 la majorité des contentieux portés devant l’OMC.
Ce graphique ne reflète pas la réalité des guerres commerciales en cours, mais la recherche de résolution des différends entre parties qui privilégient le cadre multilatéral.

On compte en 2014 seulement 11 parties aux litiges, l’Afrique et le Moyen-Orient restant totalement à l’écart du mécanisme (voir ici).

OMC-litiges-2014

L’Union européenne se détache en 2014 comme puissance commerciale la plus offensive dans le cadre de l’OMC, avec trois plaintes déposées contre la Fédération de Russie, une contre les États-Unis et une contre l’Indonésie. Les sujets sont à l’image des priorités des échanges, l’UE contestant des freins russes à l’importation de voitures (allemandes au premier chef) et de produits agricoles (végétaux et animaux), les Russes se plaignant de la taxe énergétique européenne (Troisième paquet énergie). Leur plainte du 30 avril 2014, la première déposée depuis leur accession à l’OMC, précède de quelques mois leur abandon du projet South Stream (1) au bénéfice du renforcement d’un axe Moscou-Ankara. A la clé de ce rapprochement particulièrement médiatisé fin 2014, il y a la hausse des flux gaziers russes vers la Turquie (et un jour vers l’UE via la Grèce ?), l’annonce de la construction par la Russie de la première centrale nucléaire turque, et celle d’échanges en monnaie nationale pour réduire l’influence du dollar.
Historique et récurrent, le différend UE/USA relatif aux soutiens que chaque partie reproche à l’autre d’accorder à son secteur aéronautique a débouché sur une plainte de l’Europe à propos des subventions allouées à Boeing. L’UE (2) a désormais 33 plaintes en consultation contre les USA, les USA 19 contre l’UE.

A l’accusation de fermeture formulée par l’un succède l’accusation de fermeture formulée par l’autre… au fond, quelles règles du commerce international jouent ces parties ?

Voici une carte de l’OMC représentant le rapport commerce/PIB sur la base des trois dernières années. Plus le pourcentage est élevé, plus l’économie d’un État est ouverte.
Voici une carte de l’OMC représentant le rapport commerce/PIB sur la base des trois dernières années. Plus le pourcentage est élevé, plus l’économie d’un État est ouverte.

L’Afrique, la Mongolie aux sous-sols gorgés de ressources, l’Ukraine aux terres riches, la Libye et ses puits de pétrole, comptent parmi les plus ouverts aux échanges internationaux.
En revanche, USA, UE, Russie, Inde, Chine, tous régulièrement parties dans des différends auprès de l’OMC, ressortent sur cette carte aussi fermés les uns que les autres (3). Vivement que l’Afrique crée sa zone de libre-échange pour mettre un peu de piment dans ce petit jeu…

Sophie Clairet

Image du haut : Cliché de Fr Maxim Massalitin sur Flickr. Novyï Svet, péninsule de Crimée. Une péninsule enviée, théâtre de nombreuses guerres à travers l’Histoire.

Notes

(1) Projet de gazoduc Russie-UE via la Bulgarie qui évitait l’Ukraine.
(2) Plus précisément les Communautés européennes puis l’UE.
(3) Pour autant qu’on considère cet indicateur comme une manière d’observer l’ouverture d’une économie par rapport à l’étranger.