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Catastrophes naturelles & déchets toxiques

Destruction après le passage du typhon. Cliché ECHO.

Somalie 2005, petit rappel. Les images des Philippines après le passage de Yolanda (1) montrent un paysage parsemé de débris. Constructions humaines et plus généralement tout ce qui n’a pas résisté aux rafales de vent et aux vagues composent autant de déchets qui compliquent pour les victimes l’accès aux ressources et pour les secours l’accès aux victimes. A l’épineuse gestion de ces déchets visibles qui résultent directement du typhon, s’ajoute celle des déchets toxiques susceptibles de se diffuser. (Destructions après le passage du typhon Yolanda. Cliché EU Humanitairian Aid and Civil Protection sur Flickr.)

Plongée dans la spirale du sous-développement depuis des décennies, politiquement instable, tout proche des grandes routes maritimes, la Somalie est devenue dans les années 1980 l’une des décharges toxiques les plus rentables – il en coûterait 2,5 dollars la tonne en Afrique contre 250 dollars en Europe pour déverser des déchets toxiques selon les experts de l’ONU. « Fourniture de déchets toxiques et d’armes », ce pourrait être les modalités de l’échange que la journaliste italienne Ilaria Alpi contribuait à dévoiler au moment de son assassinat en 1994. Dix ans plus tard, les experts dépêchés par les Nations Unies après le passage du tsunami soulignèrent la pollution des plages somaliennes par des déchets toxiques (2). La question des déchets toxique est restée en filigrane et accompagne celle de la piraterie maritime dans la zone. D’ailleurs, lors du procès de six pirates somaliens à Paris fin 2011, la Cour d’Assises visionna le documentaire de Paul Moreira Toxic Somalia, l’autre piraterie (3).

Le tsunami n’était pas la cause première de la présence de tels déchets et l’impact avait été atténué par l’éloignement des côtes somaliennes de l’épicentre. Il avait seulement contribué à éparpiller des matières dont la présence était illégale, alimentait des réseaux criminels et était régulièrement rapportée sans que les États réagissent.

Philippines 2013

Le « typhon du siècle » (en tout cas l’un des premiers de la saison) vient de frapper les Philippines, l’un des pays les plus pauvres de la planète et également concerné par la piraterie et autres activités criminelles. La question du devenir des déchets toxiques après le passage de Yolanda est pendante, car si l’on en croit l’étude publiée en août 2013 dans la revue Environmental Health Perspectives (4), l’archipel en est richement pourvu.

Dechets

Sophie Clairet

Image du haut : image du film Toxic Somalia sur YouTube.

Notes :

(1) Nom de ce typhon aux Philippines. Haiynan est le nom chinois.
(2) « The impacts of the December 2004 tsunami stirred up hazardous waste deposits on the beaches around North Hobyo causing some health and environmental problems in the area », in After the tsunami, Rapid Environmental Assessment, UNEP, 2005, p. 135. Disponible à : http://www.unep.org/tsunami/tsunami_rpt.asp
(3) http://www.lexpress.fr/actualites/1/societe/la-communaute-internationale-rejoint-les-pirates-somaliens-au-banc-des-accuses_1054678.html
(4) Étude disponible ici : http://ehp.niehs.nih.gov/1206127/

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