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En direct… lancement de l’Atlas… Sahara – Sahel : géographie, économie et insécurité

Atlas-CSAO

Vous pouvez suivre en direct à cette adresse de 9 h 30 à 11 h 30 le lancement officiel de l’atlas publié par le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (OCDE) ce vendredi 19 décembre 2014.

La présentation officielle

« Le Sahara-Sahel traverse des épisodes récurrents d’instabilité, cependant les crises libyenne et malienne récentes intensifient le degré de violence. Elles restructurent les dynamiques géopolitiques et géographiques. Transfrontalières voire régionales, ces crises contemporaines nécessitent de nouvelles réponses institutionnelles. Comment les pays partageant cet espace – Algérie, Libye, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger, Tchad et Tunisie – peuvent-ils, ensemble et en relation avec des États tels que le Nigéria, le stabiliser et le développer ?
Depuis toujours, le Sahara joue un rôle d’intermédiaire entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne. Avant l’époque romaine, des routes le traversaient déjà, à l’origine militaires. Les échanges commerciaux et humains sont intenses et fondés sur des réseaux sociaux auxquels se greffent désormais les trafics. La compréhension de leur structuration, de la mobilité géographique et organisationnelle des groupes criminels et des circulations migratoires représente un défi stratégique. Cet ouvrage espère relever ce défi et nourrir les stratégies pour le Sahel de l’Union européenne, des Nations Unies, de l’Union africaine ou encore de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) en vue d’une paix durable. »

Plus d’informations

Site du CSAO (OCDE) : http://www.oecd.org/fr/csao/publications/un-atlas-du-sahara-sahel-9789264222335-fr.htm

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L’influence organisée des mégadonnées ou l’apparente simplicité des défilés de mode des infographies

Les datavisualisations, ces fresques en graphiques et dessins se sont banalisées dans notre paysage. Mais de quoi parlent-elles ? Qu’est-ce qu’elles révèlent et veulent nous dire (approche minimaliste) ou nous faire penser (approche « neuromarketing »), de quelle construction du monde participent-elles (approche géopolitique) ?
Nous sommes très loin de la grotte de Lascaux où l’on dessinait avant l’invention de l’écriture – même si sms et autres tweets font oublier le sens des lettres, la musique des mots et des arguments. Aujourd’hui, les concours d’infographie récompensent la qualité de mise en forme des données (valeur esthétique) et son efficacité (valeur d’influence). A l’initiative de ces défilés, on peut citer la presse avec la Society for News Design (SND) basée en Floride et qui regroupe 2600 journalistes visuels* du monde entier, associée aux écoles de design comme l’université de Navarre à Pampelune pour le prix mondial d’infographie Malofiej décerné en mars depuis 22 ans. Les agences d’études de marché-marketing ont suivi le mouvement, avec notamment Kantar pour le prix « Information is beautiful » décerné en novembre depuis deux ans. C’est au tour des pourvoyeurs de mégadonnées d’une part et de « communautés d’intérêts d’utilisateurs » d’autre part de faire leur apparition sur la place. Voilà pourquoi on peut y trouver un intérêt géopolitique : quels sont les acteurs et que se passe t’il en termes de territoire de référence pour les sociétés ? Ce très court texte ne prétend pas donner des réponses mais organiser un certain nombre d’interrogations.

Sur ce sujet

J’ai commencé une première version en octobre 2013, avant l’attribution du prix Kantar 2013. L’angle d’attaque était alors « Défilés de mode chez les big datas ». La sous-représentation de l’Europe était tout simplement énorme alors même que se diffusait massivement la mode de la visualisation des données. Cela m’interpellait mais ma clé de lecture ne dépassait pas deux constats : la presse et les infographistes français étaient à la remorque de la mode (codes visuels « vintage » créés ailleurs), mais rien de nouveau depuis vingt ans si l’on regarde bien les nationalités des concurrents de Malofiej. J’ai mis en ligne un premier sujet Derrière les images que celui-ci complète.

Répartition des acteurs

En 2011, visualjournalism.com dressait le constat suivant pour le prix Malofiej dont les concurrents américains avaient remporté le prix : « Félicitation aux vainqueurs, et au reste du monde je dis : mettez-vous au travail pour que nous puissions obtenir des récompenses un peu équilibrées lors du Malofiej 20, annoncé comme un événement encore plus grand que d’habitude. »

Rules-in-infographic-worldL’infographie réalisée par le Danois Gert K. Nielsen, qui se présente sur Twitter comme « Business Owner at Emotion Infographics », était sans appel.

Trois ans plus tard, Malofiej 22 a récompensé surtout et avant tout The New York Times. Une représentation que n’a pas manqué de souligner le réseau brésilien nupejoc (Núcleo de Pesquisa em Jornalismo Científico, Centre de recherche en journalisme scientifique) « NY Times é o grande vencedor do Malofiej 22 ». Voici ce que l’on peut faire dire à la liste présentée sur le site de l’organisateur :

Malofiej

Le blog datavizualisation.fr a souligné pour sa part que pour la première fois un Français participait au jury – la rédactrice en chef de Courrier International. Il est bon de préciser que ce journal sélectionne et diffuse en France des articles issus de la presse mondiale. Ce sont des experts du New-York Times et de la NASA qui ont animé des ateliers.

Il est plus compliqué de distinguer par nationalité les concurrents et vainqueurs du prix Kantar, décerné à Londres dans quelques jours par le 2e groupe mondial en marketing et communication. Notons un changement de domaine, nous ne sommes plus dans le spectre de l’information de presse mais dans celui du marketing. Le site Kantar « Information is Beautiful » et la page Facebook dédiée au concours ne se prêtent pas à l’information : les sponsors ne sont pas mentionnés et les pays ne composent pas une donnée à communiquer. Le site donne le vertige en donnant à voir des dizaines de propositions pour six catégories : « Data Visualization, Infographic, Interactive Visualization, Motion Infographic, Tool et Website ». Notons également l’orientation clairement virale du concours, Kantar primant à la fois des réalisations et des outils de diffusion. Le seul sujet de l’exemple qui suit est typiquement « viral ».

You be the judge "uh" verus "um"

Une différence de taille par rapport au prix Malofiej : « You be the judge ! ». Pour cautionner le sérieux, deux lettres sont fournies à profusion sur ce site : « Dr » pour titulaire d’un doctorat.

Si les neurosciences ne sont pas loin dans un prix marketing, c’est qu’elles constituent un acteur du panorama. Elles ont elles-mêmes leur prix d’infographie qui offre notamment un séjour au MIT, dans le cadre de l’initiative Brain Research through Advancing Innovative Neurotechnologies (l’acronyme Brain signifiant aussi cerveau) lancée par le président Obama en 2013.

brainMIT Eye Wire – plate forme interactive du MIT qui appelle actuellement à participer à un jeu pour cartographier le cerveau – le fabriquant de microscopes FEI et la plate forme d’hébergement d’infographies visual.ly se sont associés pour lancer ce concours.

Or comme chaque géographe sait, quand on cartographie, c’est qu’en général on veut conquérir.

La phase actuelle est celle où l’individu crée lui même des infographies à partir des données qui lui sont proposées en utilisant des outils gratuits. Chacun d’entre nous s’approprie des informations qui nécessitaient auparavant pour les diffuseurs de lourdes campagnes publicitaires sans garantie d’être assimilées. Chacun d’entre nous va les diffuser à son propre réseau. Et il n’est pas interdit de penser que chacun d’entre nous émette sous d’autres formes encore, et sans y prendre garde, des données via l’utilisation d’outils gratuits de mise en forme.

Sophie Clairet

Image du haut : Image du concours de dataviz lancé par Google en 2012 à l’occasion des présidentielles françaises.

* Expression peu usitée en français, renvoyant à une catégorie de journalistes maîtrisant à la fois les vecteurs visuels et textuels pour diffuser l’information. On en trouve une définition sur Wikipedia et une utilisation dès 2009 aux Assises internationales du journalisme.

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Randonneurs, la mouvance touristique du fond des âges

Partir découvrir le monde, visiter, aller voir plus loin… Tout cela constitue des fondamentaux de l’humanité. Parmi nos aventuriers, les marcheurs composent un groupe particulier. Ce groupe-là n’a pas la limite du moteur d’une machine ni de la voie bitumée. La fin de la marche dépend de la seule volonté – certes de l’état des pieds et de l’arrivée d’une mer ou d’une rivière. Au fur et à mesure de l’avancée et de la découverte, la volonté se renforce ainsi qu’un certain sentiment de puissance et de conquête.

Les marcheurs sont une mouvance touristique qui célèbre cette liberté de dépasser quelques limites, les frontières en font partie.

En avril 2014, un magazine plaçait en couverture « Retourner au Sahara en 2014 ? » et passait en revue différents chemins de découverte de la Mauritanie à la Tunisie. Le rappel des zones déconseillées par le ministère des Affaires étrangères ponctuait chaque ode à la re-découverte de contrées devenues impénétrables au gré de la montée des mouvances islamistes. La liste des voyagistes et compagnies aériennes permettait en revanche de trouver parfois comment y aller malgré tout, en transitant par un État moins regardant que la France.
Pincée d’aventure, sentiment de transgression face à la montée des murs, perspective simplement de contempler des paysages magnifiques placés hors de portée par la folie des hommes, simple légèreté teintée d’irresponsabilité au prétexte que la vie est trop courte pour être enfermée… la liste des ressorts serait trop longue à dresser.

Il convient juste de rappeler le rôle fondamental de la simple marche comme système de découverte du monde réel. Une puissance d’expérience mais aussi de formation de la pensée (1) que le monde virtuel ne remplace pas. Les voies qui se ferment devant les pas d’un marcheur sont autant d’emprises territoriales (2) des forces obscurantistes.

Sophie Clairet

Image du haut : Sahel : zone déconseillée aux voyageurs. Attention à rechercher les informations sur les pays limitrophes (ex. Algérie). Source : MAEDI

Notes

(1) Voir les nombreux ouvrages sur philosophie de/et la marche.
(2) Le territoire est un espace sous contrôle, approprié.

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OTAN : ses dépenses d’armements présentées depuis Stockholm

La base de données de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) permet de suivre l’évolution des dépenses d’armements engagées depuis 1989 à l’échelle mondiale. Depuis le 1er juillet, le SIPRI diffuse, en plus de cette ressource, une nouvelle base dédiée aux membres de l’OTAN, dont les données remontent à 1949 et qui présente des graphiques – c’est-à-dire une mise en forme visuellement efficace de quelques données triées. Cette nouvelle production scientifique intervient au moment où les médias évoquent une éventuelle intégration de la Suède et de la Finlande à l’Alliance atlantique et où la paix européenne est remise en question par la question ukrainienne. Données scientifiques versus contexte géopolitique et influence, peut-on démêler la pelote ?

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La Bolivie dans l’air du temps

A l’origine de cette présentation, le visionnage d’un clip britannique surprenant tourné en Bolivie, un gros succès outre-Manche depuis mi-2013. Quelques recherches plus tard, il apparaît que l’État plurinational de Bolivie, peuplé de 10,4 millions d’habitants, niché dans la cordillère des Andes suscite des représentations qui dépassent largement son (très bon) chocolat, son Président haut en couleurs et son commerce équitable. Un kaléidoscope prend forme autour de petites images minières, dans un contexte de demande d’accès au Pacifique (1).

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Derrière les images…

Nouveau langage d’émoticônes, multiplication de thèmes de blogs valorisant galeries et carrousels, généralisation des dataviz (visualisation de données), autant de marques de l’avancée des images. Le sujet concerne autant la forme que le fond, autant le paysage que le message, autant le promeneur du web que ce blog même. Bref, faire sa mue vers l’approche « tout en images » ou pas, telle est l’une des questions. La bascule constituerait un atout en matière de référencement sur les moteurs de recherche (1), mais c’est un tout autre référentiel qu’il m’importe d’évoquer dans ce petit sujet.
Derrière les images, il y a un/des regard(s), une/des culture(s), une/des intention(s). Face aux images, une liste similaire. L’absence d’image ne renvoie pas qu’au néant, au non-être d’un phénomène mais également à un rapport à l’image différent, à un autre mode d’information ou de communication.

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Bonne année en couleurs

2014

Peu de choses sont prévisibles, mais une chose est à peu près sûre, en 2014 nous mangerons du Radiant Orchid à toutes les sauces. La carte a un air de déjà vu ? Une touche de cravate tendance ou de faux ongles fashion 2014 ? Peut être bientôt d’affiche électorale (aï, halte au bon goût).
Ou alors de personnage du dernier Disney en date ? Les spectateurs qui auraient perdu le fil de la palpitante histoire de Frozen (La Reine des Neiges, oui drôle de traduction), se seront amusés à suivre la trajectoire des couleurs, tout particulièrement du vert et du pourpre. Au cas où le manège nous aurait échappé, un sympathique personnage s’exclame « j’ajouterais bien une petite touche de pourpre ou de vert ». Les tons mauves gagnent, ils tracent la puissance et le pouvoir, c’est la couleur de l’année 2014. Qu’on le dise à nos décideurs, sortez la couleur, si ça se trouve les idées suivront.

Sophie Clairet

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République centrafricaine, curiosités géoéconomiques en cartes

Carte des gîtes miniers de RCA publiée par IPIS en 2012
Les gîtes minéraux de RCA, carte du rapport sur les richesses minières (février 2013). Depuis le 23 mai, la RCA est suspendue du processus de Kimberley et « ne peut pas » exporter ses diamants – une interdiction renouvelée fin novembre 2013.

Qui sont les principaux clients et fournisseurs de la République centrafricaine ? Suffit-il de consulter les statistiques officielles pour en obtenir un aperçu ? La question est plus complexe et riche qu’il n’y paraît : illustration en cartes.

Où les principaux ports européens apparaissent comme des clients et des fournisseurs – Anvers (Belgique) étant par ailleurs la première bourse mondiale du diamant.

Centrafrique-CIA

Où les pays de transit vers les grands ports africains (soit Cameroun et RDC) apparaissent également comme partenaires importateurs.

Centrafrique-OMC-2

Dans le tableau relatif aux destinations et origines principales des marchandises, l’OMC privilégierait plutôt le Japon à la Chine et le Cameroun à la RDC.

Toutes ces données sont justes et fausses pour dresser le panorama des principaux partenaires commerciaux. Tout dépend de ce que l’on veut montrer. Une fois le but choisi (« la Chine chasse tout le monde en Afrique » ou « les échanges régionaux inter-africains se portent bien »), il reste à piocher dans les piles de chiffres. Les données de l’OMC me semblent à titre tout à fait personnel davantage cohérentes entre elles (soit on prend tous les pays de transit soit on les écarte tous).

Sophie Clairet

Cliché du haut : Cliché d’Amnesty international montrant de jeunes garçons dans des mines de diamants.

Pour aller plus loin

Ken Matthysen & Iain Clarkson, Gold and diamonds in the Central African Republic. The country’s mining sector, and related social, economic and environmental issues, IPIS, février 2013, 36 p.
– OMC, Commerce total de marchandises, octobre 2013.
– OMC, République centrafricaine, septembre 2013.
– Roger Brunet, Le Diamant: un monde en révolution, Paris, Belin, 2003, 416 p. (l’ouvrage est certes ancien mais les clés de lecture restent intéressantes). Du même auteur et sur les circuits du diamant, voir Aspects de la mondialisation, la révolution du diamant in Mappemonde.

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Echanges mondiaux : la carte des bouts du monde de la lenteur

Une semaine de retard dans les expéditions réduirait le volume des exportations de 7 % (jusqu’à 26 % dans certains cas) ou augmenterait de 16 % le prix livré des marchandises (1). Relayant ce constat, l’OMC propose une carte du temps nécessaire pour l’exportation de marchandises. Voilà une nouvelle manière d’approcher les « bouts du monde », sous l’angle de la lenteur et non de l’étendue.

Temps-OMC

Lien vers le Rapport sur le commerce mondial 2013, site de l’OMC

Remarques

Cette carte mériterait une déformation par anamorphose afin de réduire l’effet de masse – sauf à prouver que dans les États très grands, le temps de production est identique en tous points. Toutes choses étant égales par ailleurs (les marchandises exportées n’étant pas les mêmes depuis la Chine ou l’Afrique), il est intéressant de voir que l’espace de production africain, y compris le Sahara, s’en tire mieux en vitesse que la Chine ou la Russie. Tout aussi étonnant à travers cette représentation, le Nigéria, champion de la croissance africaine dans d’autres publications (Banque mondiale notamment), et ses voisins du littoral s’en tirent moins bien ou pas mieux que l’Afrique enclavée. Il faut remonter jusqu’au Sénégal et au Maroc pour trouver les champions de la rapidité sur ce continent. La causalité de l’enclavement géographique prend davantage de sens en Amérique du Sud mais ne joue en rien par contre s’agissant de l’Italie ou de la Grèce (voir sur la carte infra où les principales routes maritimes ont été ajoutées).

Temps-OMC_2

Il ne faudrait pas sur-interpréter cette carte en transformant les champions de la vitesse en systèmes performants (certains n’exportent peut être pas grand chose) et ceux de la lenteur en systèmes dépassés (ils croulent peut être sous les commandes). Ajoutons donc la carte des échanges mondiaux pour équilibrer le sujet.

Parts-OMC

L’OMC indique à propos de ces cartes : « Ce qui saute immédiatement aux yeux en regardant la carte des flux commerciaux, c’est la place centrale de l’Asie dans le commerce interrégional. Les trois plus importantes relations bilatérales dans le commerce mondial en 2011 étaient les relations entre l’Asie et l’Europe (8,8 % du commerce mondial en 2011), entre l’Asie et l’Amérique du Nord (7,8 % du commerce mondial) et entre l’Asie et le Moyen‑Orient (5,1 % du commerce mondial). »

On peut se demander quelle serait cette centralité de l’Asie, si les expéditions n’étaient pas frappées de lenteur et si cette lenteur est l’une des conséquences de la centralité (les limites du systèmes sont en vue ?).

Sophie Clairet

Image du haut : Cliché par Robert Thomson sur Flickr

Notes

(1) OMC, Rapport sur le commerce mondial 2013, p. 187.