Comment c’était à la fin des années 1950, quand tout petit, tu venais finir l’année scolaire à la petite école du Roux d’Abriès, de Pâques à septembre ? Qu’est-ce qui te vient en tête papa quand tu penses à ces vacances à la montagne chez pépé Antoine et mémé Marguerite ?
Le 14 août 2013, je t’ai enregistré, puis le temps est passé sans que je le prenne pour faire quelque chose de tes mots. Puis tu es parti il y aura un an cette semaine.
Quel bonheur d’entendre ton rire. Alors je vais te raconter, tu disais…
Metz a défendu l’État au prix de la cité, alternant zones non aedificandi et emprises militaires. Entre la défaite de Charles Quint devant Metz (1553) qui signe le début de la protection française jusqu’aux guerres modernes, le fait militaire prime sur la logique de l’échange. Et lors de la première annexion en 1870, l’Empire allemand pare la ville d’une nouvelle architecture, de nouvelles casernes, modifie son dispositif défensif, qui va se retourner totalement pour faire face à la France et non plus à l’Allemagne.
Les collectivités qui jouent le jeu de l’ouverture des données permettent au terreau politique et économique local de faire germer de nouveaux services sur un mode « circuit court » et au citoyen d’entrer dans sa carte. En quelques clics, voici comment entrer dans la carte à côté de chez soi, comprendre la fabrique du territoire en compilant les informations qui nous intéressent sur l’outil libre uMap développé par la communauté OpenStreetMap. Cet outil uMap est désormais référencé sur le portail des ressources de l’Éducation nationale.
En quelques clics, chacun peut compiler les informations d’un territoire pour saisir son évolution dans le temps ou mesurer ses aménagements. Développé par la communauté libre OpenStreetMap (OSM), uMap apporte ce service, permet d’embarquer sur des sites des cartes dont les fonds sont maintenus par une communauté mondiale.
Pour commencer > Écrire « uMap » dans son moteur de recherche, ouvrir et sélectionner « créer une carte », rechercher Ban Saint Martin dans l’outil loupe à gauche, activer le petit stylo en haut > renommer la carte, enregistrer et cliquer sur la clé à droite > copier le lien d’édition secret et le coller dans un document de texte.
Pourquoi ? > Ce lien est le seul moyen de retoucher la carte, une modification possible à partir de n’importe quel ordinateur. La carte est enregistrée sur le cloud, en France, et non stockée sur son poste. Il suffit ultérieurement de la cloner ou d’en exporter les calques pour la partager.
Il y a dix ans, des images satellites d’une telle qualité étaient réservées aux militaires. Aujourd’hui, les clichés des satellites Pléiades (1) passent les portes des cours de géographie pour apporter les indices visibles depuis l’espace des mutations de nos sociétés. Une véritable révolution technologique que de rendre accessible la très haute définition : en 70 cm de résolution, un cliché de 20 km sur 20 km pèse 16 gigaoctets. Jusqu’à présent les contraintes techniques étaient restées maîtresses du jeu.
Soucieux d’ouverture des données, les géographes Laurent Carroué et Vincent Doumerc ont trouvé l’astuce. Ils viennent de présenter au FIG de Saint-Dié la naissance de GeoImage, le portail de cette initiative commune du CNES et de l’Éducation nationale. Objectif : communiquer des photos satellites retravaillées, et une sélection de zooms, accompagnées de fiches descriptives destinées aux cours de géographie et à la préparation des concours. Mais cela ne fait de mal à personne de voyager intelligemment.
Voici trois aperçus à des échelles différentes pour saisir les très nombreuses richesses de ce portail amené à s’enrichir chaque jour sur la base de contributions volontaires des géographes. Pas besoin de login, la compréhension des images est à vous…
Une perle de Polynésie française, Bora Bora, pour tous les yeux
Zoom sur la vieille ville politique et administrative d’Oulan-Bator, capitale de la Mongolie présenté dans la fiche « Oulan-Bator : mutations économiques et urbaines et sédentarisation des éleveurs nomades des steppes ». Ce cliché permet notamment de comprendre l’organisation du pouvoir et des influences pendant la guerre froide (ambassade d’URSS puis de Russie en limite gauche de la carte le long de l’avenue de la Paix, entourée de vastes espaces verts tout à côté du palais présidentiel), et depuis (ambassade de Chine, le point brillant tout près du campus universitaire).
Ouvrir ce site et s’intéresser à ces images décodées, c’est participer à une nouvelle communauté en cours de constitution. Des ponts sont déjà lancés à travers le monde, par le biais des lycées français notamment. C’est aussi s’intéresser à un volet important de la politique étrangère de la France, puissance spatiale. Selon les informations diffusées par le CNES (2) en avril 2018, « Avec 37 € par an et par habitant, le budget que la France consacre aux activités spatiales civiles est le 2e au monde, après celui des États-Unis, mais avant ceux de la Chine, de la Russie ou du Japon. » Il compose l’un des deux premiers piliers de l’Agence spatiale européenne, et l’un des principaux contributeurs au projet COPERNICUS qui veille sur notre environnement.
Principaux pays contributeurs au budget de l’ESA en 2018 (3) :
France (24,2 %)
Allemagne (23,1 %)
Italie (11,8 %)
Royaume-Uni (8,4 %)
Belgique (5,1 %)
Espagne (5,2 %)
Suisse (3,8 %)
Pays-Bas (2,3 %)
La preuve par les cartes : le sillon lorrain de Nancy à Trèves et Sarrebruck et au-delà jusqu’à Francfort ressort comme aire métropolitaine transfrontalière bien structurée, où les effets de seuils sont réduits bien en deçà de l’heure pour accéder à une ville de plus de 50 000 habitants.
Voici la carte du jour mise en ligne le 18 avril par ECHO, service de la Commission européenne à l’aide humanitaire et à la protection civile. Elle associe deux catégories d’informations, des données de localisation et des données statistiques concernant deux grands systèmes de routes de migrants et de réfugiés vers l’Europe. On distingue clairement dans les chiffres que la route qui rejoint la Grèce depuis la Turquie s’est fermée tandis que celle via la Libye vers l’Italie est en plein essor. [Note au lecteur : attention toutefois aux figurés et aux couleurs, cette carte recèle quelques inversions entre les graphiques et les étiquettes.] Quelques jours avant la publication de cette carte, le 13 avril, le Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj accusait dans le quotidien allemand Bild l’Union européenne de ne pas tenir ses promesses tandis que les médias occidentaux relataient le commerce d’esclave organisé par les tribus libyennes et l’état déplorable des geôles libyennes. Publiée dans un contexte d’enchères UE-Libye en marge d’un nouvel accord, cette carte propose bien d’autres niveaux d’informations : là où les routes n’existent pas se dressent des murs.
Entre 2001 et 2012, la dépendance énergétique de l’Union (1) est passée de 47 à 53 % – toutes sources d’énergies confondues. Cette donnée chiffrée a le sens qu’on veut bien lui prêter tant les situations nationales diffèrent ; a minima il est possible de dire que l’Union européenne est aujourd’hui plus dépendante de ses fournisseurs d’énergie car certains de ses membres creusent leur déficit énergétique plus vite qu’il ne peut se combler. Cette dépendance augmente alors même que la consommation d’énergie recule puisqu’il manque 148,4 millions de tep en 2012 par rapport au maximum de consommation de 2006 (2).