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Conte d’hiver en cartes

Benjamin D. Hennig, chercheur à l’université de Sheffiled (SASI) présente une série de cartes mettant en évidence les anomalies de températures rapportées à la population – et non aux superficies. Les cartogrammes proposés nous offrent un autre regard sur la vague de froid.

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Sur la fin du monde, la destruction et la conservation

Nous voici un mois après la fin du monde. Combien d’entre nous espéraient, certes en le craignant, que « quelque chose » se passerait ? Pour ne pas paraître idiot, combien d’entre nous n’en parlent plus aujourd’hui ?
Faire table rase, c’est le jeu favori des enfants une fois que la tour est achevée. Mais les enfants ont cela de spécial qu’ils osent rêver, que tout est possible, qu’ils progressent sur le mode ludique où la quête compte autant voire plus que le Graal.
Faire table rase, cela fait également partie des méthodes utilisées par d’autres groupes aujourd’hui, pas pour le simple jeu de recommencer la tour en mieux mais pour la supprimer totalement du paysage.

Fiction de la fin du monde, notre catharsis

Les fictions de la fin du monde se démultiplient depuis les années 1970. Alain Musset en offre une lecture qui permet à la fois de saisir ce qu’elles ont en partage sur le plan des valeurs (et donc ce que nous-mêmes avons en partage) et les invariants de leurs ancrages dans le réel (et donc pourrait-on dire la forme concrète de nos Graals). Il ressort de cet essai que le « nous » émetteur de ces récits et films de fin du monde est nourri de références bibliques. La fin du monde de nos romans et de nos films est une punition divine pour des péchés. Elle frappe les constructions de la modernité : la mégalopole, ses immeubles les plus hauts, à commencer par ceux des États-Unis. Il existe bien une lecture géographique de ces représentations. Après le choc vient la phase de reconstruction.
Alain Musset montre que « si l’apocalypse et les univers apocalyptiques comptent parmi les meilleurs piliers de la science-fiction, c’est parce qu’ils symbolisent la peur que nous éprouvons tous face à un futur impossible à maîtriser, qui peut remettre en cause tous nos acquis, toutes nos certitudes » (1, p. 21).
J’ajoute que nos acquis ont figé la Terre : tout est découvert à part quelques grands fonds, les frontières des États sont devenues intangibles quelles que soient les évolutions des sociétés qui les peuplent, les logiques économiques sont notées à la même enseigne pour un micro-État ou un État-continent – et ce quelles que soient les différences qu’occasionne la réalité géographique sur les stratégies des États en question.

Raser, réalisation du « terroriste barbare »

Dans le conflit au Mali entre les groupes islamistes et le gouvernement, les images de la destruction de hauts-lieux sont le signe de la barbarie. Plus que les exactions contre les femmes et les hommes, de tels actes ont fait basculer leurs auteurs dans la catégorie des pires ennemis du monde libre et civilisé. On reconnaît rarement à ces derniers de stratégie propre, il y aurait les bâtisseurs d’une part et les terroristes de l’autre. En chaussant les lunettes de la stratégie, en reconnaissant aux groupes islamistes à l’œuvre au Mali une capacité de raisonnement spécifique, Denis Retaillé propose une grille de lecture plus complexe que celle du barbare casseur : « Ayant su utiliser les savoirs nomades et leurs réseaux pour aboutir au contrôle des routes et des lieux, AQMI et Ansar Dine ont chassé les Touaregs et détruit les hauts lieux “fixes” de Tombouctou que sont les tombeaux des saints. Il n’est pas question, pour eux, de s’encombrer de territoire et de consommer sa force dans la maîtrise de la surface. Le contrôle du mouvement et des lieux de croisement suffit au pouvoir. Ces lieux sont mobiles. Les outils pour le comprendre sont ceux d’un autre espace de représentation. » (2, p. 16).

Notre culture sédentaire tient à ses hauts-lieux, quitte à les détruire « fictionnellement » pour nous fédérer autour de leur conservation.
À l’opposé les destructions qui ont eu réellement lieu comme au Mali, sont le fait de groupes soucieux de contrôler l’espace de la mobilité et en lutte contre un État.
Il se pourrait bien que la fin du monde ait bien lieu, sous nos yeux au Sahel, sous la forme d’un coup porté contre l’État intangible, ses hauts-lieux et ses frontières incontrôlables tirées au cordeau en plein désert.

Sophie Clairet

Image du haut : Vieux village de Vernègues, détruit par le séisme de 1909. « Vernègues se relèvera difficilement de ce drame qui oblige les habitants à reconstruire un nouveau village au quartier du Jas, en contrebas. L’inauguration solennelle du nouveau Vernègues a été faite le 17 mai 1914. En 1927, Vernègues obtient la médaille de bronze du concours du village moderne (…) grâce à son plan orthonormé ». Cliché Sophie Clairet

Notes

(1) Alain Musset, Le syndrome de Babylone. Géofictions de l’apocalypse, Paris, Armand Colin, septembre 2012, 355 p. Une analyse à la fois exhaustive et très claire, une lecture très stimulante et plaisante très vivement conseillée.
(2) Denis Retaillé, Olivier Walther, Olivier Pissoat. « Espace, temps, mobilité : cartographier le mouvement et appréhender l’espace mobile pour comprendre l’actualité saharienne ». Sep. 2012. Papier soumis à la revue Mappemonde. Une approche incontournable pour qui veut saisir les représentations en présence au Mali.

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Stratégie, l’écrit et la pratique. Petite promenade dans l’Histoire

Petit clin d’œil du temps des Royaumes Combattants. La promenade nous emmène donc à l’autre bout du monde, il y a des siècles. (Photo ci-contre : WouTseu ou Wu Qi, image sur Wikipedia)

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« Interactive » : chacun sa courbe

Une petite revue de presse d’images interactives présentées sur les sites de la BBC et d’Al-Jazeera. Il est intéressant de consulter ces outils en ligne, ces captures d’écran ne permettant pas de rendre compte de l’interactivité.

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L’Europe en tête de la connectivité à Internet (1)

« L’Europe est la seule région où l’on observe une réduction de la fracture numérique.
Une analyse de l’indice IDI dans chacune des six régions (1) met en évidence les écarts de développement des TIC à l’échelle mondiale et régionale. Les pays européens se situent généralement parmi les premiers du classement, avec une moyenne régionale de 6,49 (…).

« L’Europe est la seule région où l’on observe une réduction de la fracture numérique.
Une analyse de l’indice IDI dans chacune des six régions (1) met en évidence les écarts de développement des TIC à l’échelle mondiale et régionale. Les pays européens se situent généralement parmi les premiers du classement, avec une moyenne régionale de 6,49 (…).

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Turquie – Europe. Quelques éléments de discours

S.E.M. Rauf Engin Soysal, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, représentant permanent de la Turquie auprès du Conseil de l’Europe a tenu une conférence sur « La Turquie en tant qu’acteur du projet européen » au Festival International de Saint-Dié-des-Vosges.

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Angleterre, France, Allemagne

Promenade dans l’Histoire

« Mais, contre la mode d’aujourd’hui et contre les apparences, il faut défendre cette proposition qui est de simple honnêteté historique et n’en pas démordre : tout ce que l’Europe a connu de noblesse, — noblesse de la sensibilité, du goût, des mœurs, noblesse en tous sens élevés du mot — tout cela est l’œuvre et la citation propre de la France ; et la vulgarité européenne, la médiocrité plébéienne des idées modernes est l’œuvre de l’Angleterre.

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Indice de risque d’insécurité alimentaire 2013

Carte du risque d’insécurité alimentaire produite par la société d’analyse britannique Maplecroft et mise en ligne par ReliefWeb. Source :  OCHA/ReliefWeb.

Carte mise en ligne le 10 octobre par Reliefweb, portail d’information sur les situations d’urgence humanitaire, de l’United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs (OCHA).

Selon Maplecroft, l’indice de risque d’insécurité alimentaire a été développé comme un baromètre destiné aux gouvernements, ONG et entreprises afin qu’ils identifient les pays sujets à la famine à des troubles sociaux suite aux pénuries alimentaires et aux fluctuations des prix. Maplecroft obtient ces résultats en évaluant la disponibilité, l’accès et la stabilité des approvisionnements alimentaires dans 197 pays, ainsi que l’état nutritionnel et la santé des populations.

Au format vectoriel (PDF)

Carte sur Reliefweb

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Trois questions à Renata Salecl

Entretien avec Renata Salecl, philosophe et sociologue, chercheur à l’Institut de criminologie de Ljubljana et professeur invité à la London School of Economics, au Birkbeck College et au Kings College de Londres, ainsi qu’à la Benjamin N. Cardozo School of Law de New York. Renata Salecl a publié La tyrannie du choix chez Albin Michel en août 2012.

Il me semble que cette tyrannie du choix, qui fige nos sociétés, a un impact sur le profil des dirigeants que nous choisissons. Nous choisissons des gestionnaires rassurants bien plus que des leaders. Qu’en pensez-vous ? Comment sortir de l’anesthésie ? Avez-vous développé des éléments de prospective ?

Renata Salecl : Nos responsables politiques ressemblent énormément à des business managers de moyenne gamme. Ce sont souvent des personnages plutôt ennuyeux qui déclarent constamment qu’ils ne sont pas vraiment responsables, et que d’autres qu’eux font le spectacle. En parlant de ces « autres », ils renvoient en règle générale aux entreprises et aux institutions financières. Cependant la crise économique nous montre à quel point l’État est nécessaire pour la réguler et que l’idée que le marché puisse s’autoréguler a été une grande illusion. Mais je doute que cette idée fasse davantage son chemin — nous nous amusons bien davantage dans le processus de déni que dans tout ce qu’il faudrait changer sur le plan de l’organisation de la société. Le type de dirigeants populistes pragmatiques que nous avons aujourd’hui permet hélas que ce déni se poursuive.

Image issue d’une photo satellite montrant le camp de réfugiés d’Al Zaatri dans le nord de la Jordanie le 3 septembre 2012. En bleu les tentes en date du 21 août, en rouge en date du 3 septembre. (© UNOSAT/UNITAR) – l’UNOSAT est une agence spécialisée des Nations Unies.

En changeant d’échelle, il me semble que les États, sous le prisme d’une responsabilité mondiale démultipliée, se regardent non-agir et s’auto-flagellent de ne pouvoir apporter la paix aux Syriens (par exemple).

R.S. La non-action, c’est précisément ce qui semble se produire à différentes échelles. En matière d’écologie par exemple. En ce domaine, on ne fait rien, on répète toujours que d’autres doivent agir d’abord et qu’il est possible que nous agissions par la suite. Cependant, derrière cette non-action, il y a en réalité quantité d’actions — nous polluons, nous développons des technologies non-écologiques, consommons de manière non-écologique, nous parlons indéfiniment du besoin d’un développement sans limites, bien que ce soit très problématique sur le plan écologique, etc. Derrière la non-action dans des conflits politiques comme en Syrie, les actions cachées sont très nombreuses, les stratégies jouent, les alliances se font, les investissements sont protégés, etc. Les positions apparentes de passivité et de non-choix sont en fait pleines de « choix » – bien que ceux-ci ne se voient pas.

Le Conseil de sécurité réuni autour de la question humanitaire syrienne le 30 août 2012. (© UN Photo/JC McIlwaine).
L’IRIN, service du Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies, met en ligne cette citation le 20 septembre 2012 : « Personne ne veut renforcer le régime de M. Assad en envoyant de l’aide », a dit Joshua Landis, directeur du Centre d’études moyen-orientales de l’université de l’Oklahoma, et auteur d’un blog sur les affaires syriennes lu par un grand nombre d’internautes. « La stratégie occidentale consiste à affamer le régime et nourrir l’opposition. Cela est bien sûr impossible à faire sans affamer toute la Syrie. Les sanctions sont un outil grossier et ont pour but d’affaiblir le régime pour pousser les Syriens à se révolter contre lui. »
« Le problème, c’est que si vous aidez les personnes se trouvant en Syrie, vous devez le faire en coordination avec le gouvernement syrien et cela le rend légitime. C’est une question de priorité. Est-ce que vous voulez changer le régime ou nourrir les habitants ? »

Dans cette configuration, le printemps arabe apparaît comme un curieux mélange, qui interroge la portée de la colère et la capacité de révolution. Avez-vous une grille de lecture de ces phénomènes ?

R.S. Le printemps arabe fut un événement d’une importance capitale, puisque depuis des décennies nous étions persuadés que les choses ne pourraient pas beaucoup changer dans cette région du monde. Les individus voulaient avoir le choix, ils se sont battus pour la liberté. Quant à savoir comment les choses vont évoluer, la question reste cependant ouverte. Il n’y a pas qu’une seule réponse. Les États où se sont déroulés ces « printemps arabes » passent par différents processus de consolidation d’un nouveau pouvoir. Dans la mesure où derrière les protestations contre les dirigeants totalitaires, il y avait aussi de la colère et de la rage contre la pauvreté, l’inégalité et l’exclusion, et où ces sujets impliquent une déception sur la façon dont le capitalisme fonctionne dans le monde actuel, on peut s’attendre à bien d’autres soulèvements à l’avenir. Sur la base de choix que nous faisons sur le plan politique, j’espère un changement pour le meilleur. Mais peut-être suis-je une incurable optimiste.

Entretien réalisé par Sophie Clairet, le 20 septembre 2012.

Présentation de l’ouvrage par l’éditeur

« Avec cet essai, traduit dans de nombreux pays, Renata Salecl nous invite à repenser ce qui a été hissé au rang d’idéologie dominante : la liberté que nous aurions de choisir dans tous les domaines (partenaire amoureux, profession, procréation, apparence, consommation, mode de vie…).
Notre société moderne et individualiste nous fait croire que nous maîtrisons tous les aspects de notre vie, ce que nous voulons avoir, mais aussi ce que nous sommes ou voulons être. Il en résulte une frustration et un sentiment d’échec lorsque les choses nous échappent; dès lors, ce que nous prenons pour de la liberté devient une aliénation. Et ce sont finalement la surprise et l’imprévu qui attestent notre liberté…
« Pour Renata Salecl, la plus invisible et insondable emprise résulte d’une injonction à être libre de toute emprise. Avec La tyrannie du choix, elle nous offre une sorte de manuel de survie par temps de détresse. » (Michel Schneider, préface) »

Son intérêt pour geosophie.eu

L’auteur nous offre un autre regard, celui d’un chercheur et d’un acteur non seulement étranger, mais issu d’un monde qui a basculé voici vingt ans – l’ex-Yougoslavie (1). Philosophe de formation, Renata Salecl a étudié Foucault sous la direction du philosophe marxiste Božidar Debenjak. À la fin des années 1980, elle s’est engagée dans l’opposition libérale de gauche au régime communiste slovène. Elle a activement participé aux profonds changements de la société slovène, s’est présentée en 1990 aux premières élections parlementaires démocratiques — battue, elle s’est par la suite retirée de tout parti politique.

Notes

(1) la Slovénie et la Croatie ont déclaré leur indépendance le 25 juin 1991.

Dans les médias (en français) :
Courrier International
L’Express