Allons d’un point A à un point B, durant ce trajet, représenté par une ligne sur nos cartes, le paysage porteur de messages défile sous nos yeux. De part et d’autre de la route, il y a l’espace rural, urbain, péri-urbain/pré-urbain en composition et recomposition permanente au gré des décisions politiques et économiques, individuelles et collectives. Ici la terre juste retournée derrière des dessins d’architectes par delà de nouveaux ronds-points : la ville s’étend. Là une usine tout juste fermée raconte son sommeil par l’ampleur de vastes parkings vides. Le long d’autres routes, les jeunes pousses envahissent des coteaux jadis pâturés, plus loin nous verrons d’immenses hangars et tracteurs. Tous ces paysages nous racontent les grands équilibres et déséquilibres, ils sont fabriqués par nos choix individuels et collectifs. Il suffit d’ouvrir les yeux et de lire l’étendue alentour pour comprendre non seulement où nous sommes, mais aussi le mouvement en cours, la dynamique, notre temporalité.
Le 23 novembre 2016, le Parlement européen a voté la « Résolution sur la communication stratégique de l’Union visant à contrer la propagande dirigée contre elle par des tiers ». Sur la base du rapport remis par l’eurodéputée conservatrice Anna Elżbieta Fotyga, ancienne ministre des Affaires étrangères de Pologne, cette résolution attire l’attention de la Commission européenne, des États membres et de l’OTAN sur les propagandes venues de Russie et de l’EIIL/Daech (dans cet ordre de présentation).
Dans le texte : le Parlement européen « 1. souligne que la propagande hostile contre l’Union européenne prend diverses formes et utilise divers outils, souvent conçus de façon à correspondre au profil des États membres, dans le but de déformer la vérité, d’instiller le doute, de diviser les États membres, d’entraîner un découplage stratégique entre l’Union européenne et ses partenaires d’Amérique du Nord, de paralyser le processus décisionnel, de discréditer les institutions de l’Union et les partenariats transatlantiques – dont le rôle dans l’architecture de sécurité et économique européenne est reconnu – aux yeux et dans l’esprit des citoyens de l’Union et des pays voisins, et de saper le discours politique européen fondé sur des valeurs démocratiques, les droits de l’homme et l’état de droit ; rappelle que l’un des principaux outils utilisés est l’incitation à la peur et à l’incertitude chez les citoyens de l’Union, ainsi que l’exagération de la puissance des acteurs étatiques et non étatiques hostiles; fait remarquer que d’autres régimes autoritaires dans le monde utilisent des stratégies semblables à celles élaborées par le Kremlin; ».
Après quinze année marquées par les images d’une « guerre contre le terrorisme » qui poussa sur les ruines du World Trade Center, l’Europe entend se protéger contre de nouvelles images. Les premières venaient de CNN et d’Hollywood – pour schématiser – les nouvelles sont portées aussi par YouTube et consorts.
Top 10 des chaînes YouTube
Le premier graphique donne une idée du profil des diffusions de masse : musique, programmes pour enfant, programmes trash. Certaines de ces chaînes ont ouvert des filiales, diversifié leurs langues et adapté leurs contenus aux cibles. D’ailleurs le 29 novembre 2016, France Inter invitait la rédactrice en chef de BuzzFeedFrance pour promouvoir « un virage d’enquête et d’info ».
Si l’on rapporte le nombre de vues à la population du pays d’origine des chaînes YouTube, le classement se trouve substantiellement modifié. Les Pays-Bas et leurs quelques 16 millions d’habitants sont capables de faire la chaîne Spinnin’Records qui engrange plus de 9,3 milliards de vues sur des vidéos musicales qu’elle produit (par exemple Martin Garrix à ses débuts). Sur ce type de graphique, les Russes performent davantage que des Américains qui maîtrisent pourtant les tubes et le véhicule principal, l’anglais. Get Movies et Mashamedvedtv doivent leur classement au dessin animé Masha et Michka. Le 17e épisode diffusé en janvier 2012 sur la première a été visionné plus d’1,8 milliard de fois (en date du 29/11/2016), si bien que la seconde porte la diffusion des épisodes en HD depuis 2013.
Compte tenu de la résolution du Parlement européen
> Est-ce que Spinnin’Records va agrémenter ses vidéos musicales d’images d’une Europe unie et indépendante de stratégies étrangères ? Autrement dit est-ce que l’Europe peut prendre conscience qu’elle abrite des capacités d’influence avérées – et se placer dans une logique proactive.
> Est-ce que la petite fille et l’ours du dessin animé russe Masha et Michka seront interdits ? Autrement dit est-ce que l’Europe entend répondre à la propagande en tuant des ours – et se placer dans une logique de censure et d’embargo.
> In fine qui va agir pour l’Europe, et l’Europe, c’est qui ?
Bons baisers d’Europe, Madagascar 3. Notes prises au cinéma en juillet 2012
« Les enfants dans la salle n’ont pas tellement rigolé, les parents non plus, à part à deux ou trois reprises, rien à voir avec une explosion de rires. Je n’ai pas ri, certes, je prenais des notes et du coup je ne suis pas rentrée à fond dans les images. C’est un vrai festival, le tigre russe antipathique qui apparait chaque fois avec les chœurs de l’armée rouge, incapable de sortir des héritages du passés, la loutre italienne qui négocie avec le lion US et le tigre russe, la belle « léopard » (je ne sais pas si c’était un léopard) italienne qui les convainc de s’entendre et passe du Russe à l’Américain. Le cirque s’arrête à Rome poussiéreuse dans ses ruines où il rate tout, dans les Alpes suisses où tout repart, puis à Londres (il est écrit Europower sur la tente du chapiteau) où il « casse la baraque » et se fait repérer par un producteur US, avant de partir à NY. Au début, le chef c’est le tigre russe has been. Le numéro est nul, fait fuir tous les spectateurs à un point tel que le cirque s’enfuit en laissant l’argent de la recette (les singes africains envoient les billets en l’air). Numéro raté, musique d’avant le Déluge. A la fin, le lion américain est le boss reconnu par tous. La France, « ici on ne travaille que 15 jours par an » (dans la bouche des pingouins commandos US qui expliquent pourquoi à peine posés au sol, les singes africains s’enfuient dans la nature malgré le contrat signé qui leur demande de travailler). Tout ce que veut la méchante, c’est à dire la capitaine française Chantal Dubois, qui se transforme en araignée pour pister les gentils, c’est accrocher la tête du lion à son mur. « Elle est chtarbée », « la psychopathe nous rattrape ». Elle essaie de se mettre la police italienne dans sa poche en chantant du Piaf là ou le lion US remet tout en ordre avec un spectacle 3 D bluffant et de la musique carrément « fun ». Elle pleure des larmes noires de son maquillage qui coule, finit dans une caisse avec les policiers qui ont eu la bêtise de la suivre, expédiée depuis NY direction Madagascar pendant que le cirque européen/US/russe part à l’aventure sur une formule renouvelée où grâce au lion US, le tigre russe a retrouvé l’envie de vivre. Chantal Dubois n’est pas au niveau de l’attirail des pingouins US avec leurs armes super sophistiquées, elle n’a que la seringue hypodermique et sa méchanceté. »
La base de données de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) permet de suivre l’évolution des dépenses d’armements engagées depuis 1989 à l’échelle mondiale. Depuis le 1er juillet, le SIPRI diffuse, en plus de cette ressource, une nouvelle base dédiée aux membres de l’OTAN, dont les données remontent à 1949 et qui présente des graphiques – c’est-à-dire une mise en forme visuellement efficace de quelques données triées. Cette nouvelle production scientifique intervient au moment où les médias évoquent une éventuelle intégration de la Suède et de la Finlande à l’Alliance atlantique et où la paix européenne est remise en question par la question ukrainienne. Données scientifiques versus contexte géopolitique et influence, peut-on démêler la pelote ?
Entre 2001 et 2012, la dépendance énergétique de l’Union (1) est passée de 47 à 53 % – toutes sources d’énergies confondues. Cette donnée chiffrée a le sens qu’on veut bien lui prêter tant les situations nationales diffèrent ; a minima il est possible de dire que l’Union européenne est aujourd’hui plus dépendante de ses fournisseurs d’énergie car certains de ses membres creusent leur déficit énergétique plus vite qu’il ne peut se combler. Cette dépendance augmente alors même que la consommation d’énergie recule puisqu’il manque 148,4 millions de tep en 2012 par rapport au maximum de consommation de 2006 (2).
Voici les documents présentés à l’Institut de géographie alpine dans le cadre du Ve Festival de géopolitique et de géoéconomie de Grenoble, en conférence « L’Islande en résistance ». Le titre fut choisi par les organisateurs, je l’ai accepté et j’ai adapté mon approche en conséquence. Au lieu de présenter les atouts et stratégies islandaises à travers des données de base, le sujet devait intégrer cette notion de « résistance » : j’ai donc rencontré des diplomates islandais en France et intégré des représentations extérieures – notamment FMI, médias et groupes politiques français.
« Si les Européens veulent conserver leur capacité autonome de rester en paix, il faut qu’ils récupèrent leur capacité autonome d’entrer en guerre » (Alain Joxe).
Voici le lien vers la conférence donnée à l’Hôtel de Ville de Lyon par Alain Joxe dans le cadre des Grandes conférences de la métropole le 17 octobre 2013. Directeur d’études honoraire à l’EHESS, président du Centre interdisciplinaire de recherches sur la paix et d’études stratégiques (CIRPES), il propose des clés de lecture critiques sur les risques pour l’Europe d’un alignement stratégique sur l’OTAN. Cette intervention stimule la réflexion sur l’évolution de la stratégie française à travers l’Histoire et sur ses plus récentes formulations (relations entre défense et sécurité, Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, etc.).
Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve en Palestine (1948), Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (1964), Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (1974), Force intérimaire des Nations Unies au Liban (1978), Mission de l’ONU pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (1991) : voilà cinq missions de la paix qui engagent en cette fin d’année 14 124 personnels en uniforme, observateurs militaires ou soldats – selon les termes des Nations Unies et sans compter les civils. Ces cinq missions totalisent un budget de 783 millions de dollars US pour 2012-2013. Elles se localisent sur le terrain ou à la lisière de conflits qui mobilisent les discours de la communauté internationale, des ONG et des médias : la Syrie et le Sahel.
Depuis la reconnaissance par le FMI des réussites islandaises, cette petite île singulière apparaît comme un laboratoire de l’innovation, une voie alternative face à la crise. Peuplée de 320 000 habitants qui s’identifient par leur prénom, l’île de glace s’apparenterait à notre mythique village d’irréductibles Gaulois, simples et résistants, lesquels puiseraient dans les entrailles de la Terre leur potion magique. Le rêve est permis, mais il existe quelques réalités qui méritent le détour : une défense assurée par Washington puis par l’OTAN, des élites formées aux États-Unis et à Londres, une candidature à l’Union européenne et un accord de libre-échange avec la Chine prévu en 2013 (6 accords signés en 2012).