This portion of the Arctic Ocean is almost completely covered by ice Sept. 1, 2009.
À la fin de la période estivale arctique, les médias relaient un retrait historique des glaces. Cette année, il est question d’un plancher de 3,41 millions de km2 (contre 4,17 millions de km2 pour le précédent record en 2007). Dans le même temps, la glace s’étend en Antarctique, avec un maximum de 17,44 millions de km2 — jamais enregistré jusqu’à présent, mais de cela il est peu question dans la presse. En 2009, des chercheurs faisaient état d’une hausse de l’ordre de 10 000 km2 par décade (1). Cette polarisation arctique fait sens. Elle accompagne un changement de regard et de réalité dont voici quelques nouveaux éléments sur la base des projets de câbles sous-marins dans la région.
« L’Europe est la seule région où l’on observe une réduction de la fracture numérique.
Une analyse de l’indice IDI dans chacune des six régions (1) met en évidence les écarts de développement des TIC à l’échelle mondiale et régionale. Les pays européens se situent généralement parmi les premiers du classement, avec une moyenne régionale de 6,49 (…).
« L’Europe est la seule région où l’on observe une réduction de la fracture numérique. Une analyse de l’indice IDI dans chacune des six régions (1) met en évidence les écarts de développement des TIC à l’échelle mondiale et régionale. Les pays européens se situent généralement parmi les premiers du classement, avec une moyenne régionale de 6,49 (…).
S.E.M. Rauf Engin Soysal, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, représentant permanent de la Turquie auprès du Conseil de l’Europe a tenu une conférence sur « La Turquie en tant qu’acteur du projet européen » au Festival International de Saint-Dié-des-Vosges.
Morceaux choisis de l’intervention de Mireille Delmas-Marty, juriste, professeure au Collège de France, membre de l’Académie des sciences morales et politiques, et présidente du FIG 2012 à l’inauguration du Festival le 11 octobre.
Comment saisir la relation entre droit et géographie ?
Par le climat?
Pascal a écrit « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ». Montesquieu montre également la relation entre les lois et le climat.
Or depuis la problématique du réchauffement climatique, la variabilité des lois selon le climat a laissé place à l’universalisme d’une gouvernance mondiale qui postule l’inverse. C’est au droit d’influencer désormais le climat ! Mais réécrire Pascal et Montesquieu, voilà un pari risqué.
Par le territoire?
Une ancienne carte de la CIA (WorldFactbook) montrait le monde en trois couleurs. En gris les pays de Common law (tradition anglo-saxonne), en noir ceux du droit romano-germanique et en blanc tout le reste.
Cette approche présente une difficulté, car le monde a considérablement changé avec l’expansion de phénomènes qui dépassent le territoire : extra-territorialité, trans-territorialité (avec Internet par exemple), multi-territorialité.
Le cas de la Turquie est particulièrement intéressant, entre plusieurs mondes géographiques et juridiques. Ce pays est membre du Conseil de l’Europe, un juge turc siège ainsi au conseil des droits de l’Homme. Il est également membre fondateur en 1977 avec l’Iran et le Pakistan de l’ECO (Organisation de Coopération économique) — organisation de coopération économique et de lutte contre certains trafics, qui s’est élargie à 11 États. À terme, cette multi-territorialité pourrait poser des conflits, par exemple si ECO impose une extradition, puisque le Conseil de l’Europe interdit d’extrader des personnes vers des pays pratiquant la peine de mort comme l’Iran.
En augmentant en complexité, l’internationalisation du Droit contribue au pluralisme, mais perd en cohérence. Il s’agit de la tragédie des trois C : lorsqu’un système dépasse un certain niveau de Complexité, il ne peut être à la fois Cohérent et Complet.
Par le paysage?
Le juriste serait-il paysagiste ? Il se veut constructeur, plutôt architecte, il pose des fondations, des piliers.
Or ces pratiques se sont transformées avec la mondialisation du Droit. Celle-ci conduit à une suppression des bornes (frontières transgressées, neutralisées), à une diversification des sources (superposition de sources non-étatiques) et à la modification des formes (pas de hiérarchie stricte, mais subsidiarité, complémentarité, un mouvement de va-et-vient, car les États acceptent mal la perte de leur souveraineté).
Pour ces raisons, le paysage juridique mondial est en expansion et en mouvement. On est bien loin de la pyramide et de l’architecte ! Il ne s’agit pas non plus de réseaux ni de rhizome, ces termes ne décrivent pas l’instabilité. Il s’agit d’un nuage ordonné, dès que le dessin est terminé, les contours ont déjà changé. Se pose la question du vent, du souffle qui donne la direction…
Intérêt pour geosophie.eu
Rapprocher droit et paysage, ou droit et géographie relève de l’exercice de rhétorique où le conférencier joue avec les mots et l’auditoire se garde bien de demander des éclaircissements. Mais au fond, peu importe, car ce jeu de l’esprit apporte au passage des éclairages rafraichissants comme cette idée que le postulat de la variabilité des lois selon le climat a laissé la place à l’inverse (le droit influence le climat). Notre rapport au monde, notre manière de le penser dépasse de très loin le petit jardin des géographes et c’est une promesse d’avenir.
Notes de Sophie Clairet
Image du haut : Mireille Delmas-Marty (image Wikipedia)
« Mais, contre la mode d’aujourd’hui et contre les apparences, il faut défendre cette proposition qui est de simple honnêteté historique et n’en pas démordre : tout ce que l’Europe a connu de noblesse, — noblesse de la sensibilité, du goût, des mœurs, noblesse en tous sens élevés du mot — tout cela est l’œuvre et la citation propre de la France ; et la vulgarité européenne, la médiocrité plébéienne des idées modernes est l’œuvre de l’Angleterre.
Affichées dans le RER parisien en série, les images de l’office de tourisme tunisien montrent le Lézard Rouge et le colisée d’El-Jem surmontés d’une invitation « Tunisie tous les rêves possibles ». Ces deux paysages appellent au rêve sur des dizaines de mètres de long.
Ce cliché montre le bâtiment qui abrite « 350 East Cermak Rd Data Center », l’un des plus gros datacentres du monde, 102 000 m2. (350 East Cermak Rd Data Center à Chicago. Cliché par reallyboring sur flickr.) Le même bâtiment abrite le Chicago Mercantile Exchange (CME Group), l’Intercontinental Exchange (ICE), Equinix, Fidelity Investments, British Petroleum (BP), CenturyLink (Qwest et Savvis), Colombie-Telecom (BT), T-Systems, etc (1).
Entretien avec Renata Salecl, philosophe et sociologue, chercheur à l’Institut de criminologie de Ljubljana et professeur invité à la London School of Economics, au Birkbeck College et au Kings College de Londres, ainsi qu’à la Benjamin N. Cardozo School of Law de New York. Renata Salecl a publié La tyrannie du choix chez Albin Michel en août 2012.
Il me semble que cette tyrannie du choix, qui fige nos sociétés, a un impact sur le profil des dirigeants que nous choisissons. Nous choisissons des gestionnaires rassurants bien plus que des leaders. Qu’en pensez-vous ? Comment sortir de l’anesthésie ? Avez-vous développé des éléments de prospective ?
Renata Salecl : Nos responsables politiques ressemblent énormément à des business managers de moyenne gamme. Ce sont souvent des personnages plutôt ennuyeux qui déclarent constamment qu’ils ne sont pas vraiment responsables, et que d’autres qu’eux font le spectacle. En parlant de ces « autres », ils renvoient en règle générale aux entreprises et aux institutions financières. Cependant la crise économique nous montre à quel point l’État est nécessaire pour la réguler et que l’idée que le marché puisse s’autoréguler a été une grande illusion. Mais je doute que cette idée fasse davantage son chemin — nous nous amusons bien davantage dans le processus de déni que dans tout ce qu’il faudrait changer sur le plan de l’organisation de la société. Le type de dirigeants populistes pragmatiques que nous avons aujourd’hui permet hélas que ce déni se poursuive.
En changeant d’échelle, il me semble que les États, sous le prisme d’une responsabilité mondiale démultipliée, se regardent non-agir et s’auto-flagellent de ne pouvoir apporter la paix aux Syriens (par exemple).
R.S. La non-action, c’est précisément ce qui semble se produire à différentes échelles. En matière d’écologie par exemple. En ce domaine, on ne fait rien, on répète toujours que d’autres doivent agir d’abord et qu’il est possible que nous agissions par la suite. Cependant, derrière cette non-action, il y a en réalité quantité d’actions — nous polluons, nous développons des technologies non-écologiques, consommons de manière non-écologique, nous parlons indéfiniment du besoin d’un développement sans limites, bien que ce soit très problématique sur le plan écologique, etc. Derrière la non-action dans des conflits politiques comme en Syrie, les actions cachées sont très nombreuses, les stratégies jouent, les alliances se font, les investissements sont protégés, etc. Les positions apparentes de passivité et de non-choix sont en fait pleines de « choix » – bien que ceux-ci ne se voient pas.
Dans cette configuration, le printemps arabe apparaît comme un curieux mélange, qui interroge la portée de la colère et la capacité de révolution. Avez-vous une grille de lecture de ces phénomènes ?
R.S. Le printemps arabe fut un événement d’une importance capitale, puisque depuis des décennies nous étions persuadés que les choses ne pourraient pas beaucoup changer dans cette région du monde. Les individus voulaient avoir le choix, ils se sont battus pour la liberté. Quant à savoir comment les choses vont évoluer, la question reste cependant ouverte. Il n’y a pas qu’une seule réponse. Les États où se sont déroulés ces « printemps arabes » passent par différents processus de consolidation d’un nouveau pouvoir. Dans la mesure où derrière les protestations contre les dirigeants totalitaires, il y avait aussi de la colère et de la rage contre la pauvreté, l’inégalité et l’exclusion, et où ces sujets impliquent une déception sur la façon dont le capitalisme fonctionne dans le monde actuel, on peut s’attendre à bien d’autres soulèvements à l’avenir. Sur la base de choix que nous faisons sur le plan politique, j’espère un changement pour le meilleur. Mais peut-être suis-je une incurable optimiste.
Entretien réalisé par Sophie Clairet, le 20 septembre 2012.
Présentation de l’ouvrage par l’éditeur
« Avec cet essai, traduit dans de nombreux pays, Renata Salecl nous invite à repenser ce qui a été hissé au rang d’idéologie dominante : la liberté que nous aurions de choisir dans tous les domaines (partenaire amoureux, profession, procréation, apparence, consommation, mode de vie…). Notre société moderne et individualiste nous fait croire que nous maîtrisons tous les aspects de notre vie, ce que nous voulons avoir, mais aussi ce que nous sommes ou voulons être. Il en résulte une frustration et un sentiment d’échec lorsque les choses nous échappent; dès lors, ce que nous prenons pour de la liberté devient une aliénation. Et ce sont finalement la surprise et l’imprévu qui attestent notre liberté… « Pour Renata Salecl, la plus invisible et insondable emprise résulte d’une injonction à être libre de toute emprise. Avec La tyrannie du choix, elle nous offre une sorte de manuel de survie par temps de détresse. » (Michel Schneider, préface) »
Son intérêt pour geosophie.eu
L’auteur nous offre un autre regard, celui d’un chercheur et d’un acteur non seulement étranger, mais issu d’un monde qui a basculé voici vingt ans – l’ex-Yougoslavie (1). Philosophe de formation, Renata Salecl a étudié Foucault sous la direction du philosophe marxiste Božidar Debenjak. À la fin des années 1980, elle s’est engagée dans l’opposition libérale de gauche au régime communiste slovène. Elle a activement participé aux profonds changements de la société slovène, s’est présentée en 1990 aux premières élections parlementaires démocratiques — battue, elle s’est par la suite retirée de tout parti politique.
Notes
(1) la Slovénie et la Croatie ont déclaré leur indépendance le 25 juin 1991.
« Le sucre serait trop cher, si l’on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves. » Montesquieu, L’Esprit des lois (chapitre V, Livre XI), 1748.
Par Éric Grémont, président de l’OpesC.
Placer une note affublée d’un titre aussi convenu sous les auspices d’une maxime célèbre pour sa pertinente caustique laisse penser que l’on tente de s’abriter à l’avance du procès en facilité derrière l’autorité des anciens, le tout en s’accommodant sans regret du lot d’analogies douteuses que suscite de genre d’entreprise.