La base de données de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) permet de suivre l’évolution des dépenses d’armements engagées depuis 1989 à l’échelle mondiale. Depuis le 1er juillet, le SIPRI diffuse, en plus de cette ressource, une nouvelle base dédiée aux membres de l’OTAN, dont les données remontent à 1949 et qui présente des graphiques – c’est-à-dire une mise en forme visuellement efficace de quelques données triées. Cette nouvelle production scientifique intervient au moment où les médias évoquent une éventuelle intégration de la Suède et de la Finlande à l’Alliance atlantique et où la paix européenne est remise en question par la question ukrainienne. Données scientifiques versus contexte géopolitique et influence, peut-on démêler la pelote ?
En 2013, l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) a enregistré 20 demandes de règlements de différends contre 28 en 2012, soit un recul de plus de 28%. Les plus optimistes pourront rêver à un monde débarrassé des guerres commerciales, les plus pessimistes estimer que de moins en moins de pays ont les moyens de s’offrir un règlement devant l’OMC. Dans le détail, il s’avère que le recul provient essentiellement du changement d’attitude des États-Unis, de la Chine et de l’Argentine – les deux premiers ayant fréquemment occupé les premières places du classement des parties aux litiges entre 2007 et 2012. Entre 2012 et 2013, à rebours des États-Unis et de la Chine, l’Union européenne sort du bois pour être partie dans huit litiges, un record pour l’Europe – il faut remonter à 2008 pour trouver plus fort avec 9 litiges pour les États-Unis. (Carte ci-contre : Zone de libre-échange transatlantique (bleu foncé). Carte sur Wikipedia.)
Le 12 mars 2014, le Parlement européen a adopté une résolution non législative dont les communiqués de presse titrent « mettre fin à la surveillance massive ou à faire face aux conséquences ». Voici quelques liens vers les documents de six mois d’une enquête déclenchée suite aux déclarations d’Edward Snowden à propos d’une surveillance massive des citoyens et des intérêts économiques européens. Selon son rapporteur Claude Moraes (S&D, RU) « Il s’agit de la seule enquête internationale sur la surveillance de masse (…) Même le Congrès américain n’a pas mené d’enquête ». La résolution vise à instaurer un habeas corpus européen et à soutenir sur le plan règlementaire et industriel le développement de solutions européennes en matière de sécurité des réseaux, dans le contexte de l’accord de libre-échange UE-USA. L’enjeu économique est colossal, bien que souvent escamoté derrière des querelles sur le mode « tous espionnés », « on s’espionne tous » : « selon les prévisions, la valeur économique globale du marché de l’informatique en nuage équivaut à 207 milliards de dollars américains par an d’ici à 2016, soit le double de sa valeur en 2012 ». Voilà pourquoi la résolution propose de conditionner la signature du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) au respect des droits fondamentaux de l’UE. Parmi les mesures avancées et qui ont déclenché de vifs débats en séance le 11 mars, la « suspension immédiate » des principes de la « sphère de sécurité » (2) et de l’accord sur le programme de surveillance du financement du terrorisme (TFTP).
– Le témoignage d’Edward Snowden du 7 mars 2014, repris dans la presse qui a fait état d’un « bazar européen » sans spécialement contextualiser ni s’étendre sur les autres volets de l’enquête européenne.
– Programme de surveillance de la NSA, organismes de surveillance dans divers États membres et incidences… Cet enregistrement du 11 mars (veille du vote) donne à voir comment se positionnent les députés européens (du moins ceux qui se déplacent pour les séances plénières, une petite cinquantaine ce jour-là) et lesquels interviennent dans le débats au moment où le Congrès américain siège également sur ce type de sujet.
Mettre à disposition les liens vers des documents peu valorisés dans les médias français. Il n’en va pas de même partout en Europe, les document soulignent la mobilisation de l’opinion publique allemande, des parlementaires allemands et britanniques. La vidéo des débats montre trois postures : les parlementaires favorables au texte, ceux qui sont contre et se déplacent pour faire valoir leurs arguments (comme le Britannique Timothy Kirkhope) et ceux qui choisissent la politique de la chaise vide. Ces documents permettent également de changer d’échelle et de bien saisir la tension voire l’incompatibilité entre les priorités nationales (avec dans certains cas des accords bilatéraux avec les États-Unis) et européennes (finalement limitées aux droits fondamentaux).
Sophie Clairet
Notes
(1) Rapport sur le programme de surveillance de la NSA…, voir à Sécurité informatique et informatique en nuage, BO.
(2) Normes volontaires sur la protection des données pour les entreprises non-européennes qui transfèrent des données à caractère personnel de citoyens de l’UE aux États-Unis.
Dans six mois, nous fêterons les cent ans du canal de Panama, ce chantier initié par le Français Ferdinand de Lesseps qui le conduisit à sa ruine – les États-Unis reprirent et achevèrent l’ouvrage. Aujourd’hui, il semblerait que la crise européenne – ou pour le moins celle de ses grands groupes – s’invite à Panama. Hier, l’un des cinq vice-Présidents de la Commission européenne (le Commissaire européen aux Industries et à l’Entrepreneuriat) a accepté de jouer les médiateurs avec les autorités panaméennes.
Qui sont les principaux clients et fournisseurs de la République centrafricaine ? Suffit-il de consulter les statistiques officielles pour en obtenir un aperçu ? La question est plus complexe et riche qu’il n’y paraît : illustration en cartes.
Où les principaux ports européens apparaissent comme des clients et des fournisseurs – Anvers (Belgique) étant par ailleurs la première bourse mondiale du diamant.
Où les pays de transit vers les grands ports africains (soit Cameroun et RDC) apparaissent également comme partenaires importateurs.
Dans le tableau relatif aux destinations et origines principales des marchandises, l’OMC privilégierait plutôt le Japon à la Chine et le Cameroun à la RDC.
Toutes ces données sont justes et fausses pour dresser le panorama des principaux partenaires commerciaux. Tout dépend de ce que l’on veut montrer. Une fois le but choisi (« la Chine chasse tout le monde en Afrique » ou « les échanges régionaux inter-africains se portent bien »), il reste à piocher dans les piles de chiffres. Les données de l’OMC me semblent à titre tout à fait personnel davantage cohérentes entre elles (soit on prend tous les pays de transit soit on les écarte tous).
Voici les documents présentés à l’Institut de géographie alpine dans le cadre du Ve Festival de géopolitique et de géoéconomie de Grenoble, en conférence « L’Islande en résistance ». Le titre fut choisi par les organisateurs, je l’ai accepté et j’ai adapté mon approche en conséquence. Au lieu de présenter les atouts et stratégies islandaises à travers des données de base, le sujet devait intégrer cette notion de « résistance » : j’ai donc rencontré des diplomates islandais en France et intégré des représentations extérieures – notamment FMI, médias et groupes politiques français.
La course à la prévision et à l’anticipation sur des événements concerne tous les acteurs du jeu international, des Nations Unies aux firmes implantées à l’international en passant par les médias et les chercheurs. Savoir avant les autres rapporte gros, en contrats, en vies humaines, en renommée. Rien de nouveau, aux oracles, Nostradamus et psychohistoriens (1), il faut désormais ajouter les « big-dateurs ». Parce qu’elle est née en Europe et a reçu le soutien de la DG Recherche de la Commission européenne, qu’elle figure aujourd’hui comme l’une des – sinon LA – bases de données de référence en matière de conflits en Afrique, l’Armed Conflict Location & Event Dataset (ACLED) mérite un petit détour.
« Si les Européens veulent conserver leur capacité autonome de rester en paix, il faut qu’ils récupèrent leur capacité autonome d’entrer en guerre » (Alain Joxe).
Voici le lien vers la conférence donnée à l’Hôtel de Ville de Lyon par Alain Joxe dans le cadre des Grandes conférences de la métropole le 17 octobre 2013. Directeur d’études honoraire à l’EHESS, président du Centre interdisciplinaire de recherches sur la paix et d’études stratégiques (CIRPES), il propose des clés de lecture critiques sur les risques pour l’Europe d’un alignement stratégique sur l’OTAN. Cette intervention stimule la réflexion sur l’évolution de la stratégie française à travers l’Histoire et sur ses plus récentes formulations (relations entre défense et sécurité, Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, etc.).
Le 17 octobre 2013, la Cinquième commission de l’Assemblée générale des Nations Unies a appelé les retardataires à épurer leur dette. Il manque 945 millions de dollars pour la période 2012-2013 sur un budget total de 5,15 milliards. Les liquidités disponibles, 464 millions de dollars au 1er octobre, ne permettent pas de couvrir les 620 millions de dollars de décaissements à effectuer d’ici fin décembre.
Le budget séparé des Opérations de Maintien de la Paix (OMP), 7,2 milliards de dollars pour 2013-2014, est dans le rouge : au 31 août, il manquait 4,77 milliards de dollars en courant et en arriérés. En octobre 2013, le gouffre approche du triple de ce qu’il était en décembre 2012 (3,4 milliards contre 1,2). D’importants pourvoyeurs de Casques bleus comme le Pakistan ou la Malaisie s’inquiètent de ne pas être remboursés.
Top 10 des contributeurs au budget des opérations de paix (2013-2015)
Les mauvais payeurs
Parmi les mauvais payeurs, certains sont frappés de sanctions par les États-Unis et ne peuvent s’acquitter de leur quote-part faute de pouvoir disposer de compte bancaire sur le sol américain (voir à ce propos l’intervention du représentant syrien le 17 octobre).
Pour conclure sur la séance du 17 octobre 2013, notons que la représentante européenne a souligné que l’Europe arrivait en tête des contributeurs au budget ordinaire (en assumant 35 % du total des contributions).