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Des perturbations à prévoir pour les générations futures

Couverture du rapport. UNEP et OMS, State of the Science of Endocrine Disrupting Chemicals 2012, février 2013, 261 p.

La santé dépend du bon fonctionnement du système endocrinien, qui régule la sécrétion d’hormones essentielles au métabolisme, à la croissance, au développement, au sommeil et à l’humeur – liste non-exhaustive. Le 19 février 2013, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Programme des Nations-Unies pour l’environnement (PNUE) publient State of the Science of Endocrine Disrupting Chemicals, rapport présentant les effets des perturbateurs endocriniens (PE) sur la santé et insistant sur la nécessité de mieux connaître ces produits. Quelques jours plus tard, les autorités chinoises reconnaissent l’existence de villages du cancer. En Europe, premier marché mondial de l’industrie chimique, les entreprises se préparent à la nouvelle phase de Reach : il leur est demandé d’enregistrer des substances chimiques produites dans de faibles volumes (100 à 1000 tonnes/an).
Le cocktail enjeux de santé publique-industrie sur fond de crise et de chômage nous accompagne en ce début d’année. Voici quelques éléments de langage, en images et en cartes.

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Sur la fin du monde, la destruction et la conservation

Nous voici un mois après la fin du monde. Combien d’entre nous espéraient, certes en le craignant, que « quelque chose » se passerait ? Pour ne pas paraître idiot, combien d’entre nous n’en parlent plus aujourd’hui ?
Faire table rase, c’est le jeu favori des enfants une fois que la tour est achevée. Mais les enfants ont cela de spécial qu’ils osent rêver, que tout est possible, qu’ils progressent sur le mode ludique où la quête compte autant voire plus que le Graal.
Faire table rase, cela fait également partie des méthodes utilisées par d’autres groupes aujourd’hui, pas pour le simple jeu de recommencer la tour en mieux mais pour la supprimer totalement du paysage.

Fiction de la fin du monde, notre catharsis

Les fictions de la fin du monde se démultiplient depuis les années 1970. Alain Musset en offre une lecture qui permet à la fois de saisir ce qu’elles ont en partage sur le plan des valeurs (et donc ce que nous-mêmes avons en partage) et les invariants de leurs ancrages dans le réel (et donc pourrait-on dire la forme concrète de nos Graals). Il ressort de cet essai que le « nous » émetteur de ces récits et films de fin du monde est nourri de références bibliques. La fin du monde de nos romans et de nos films est une punition divine pour des péchés. Elle frappe les constructions de la modernité : la mégalopole, ses immeubles les plus hauts, à commencer par ceux des États-Unis. Il existe bien une lecture géographique de ces représentations. Après le choc vient la phase de reconstruction.
Alain Musset montre que « si l’apocalypse et les univers apocalyptiques comptent parmi les meilleurs piliers de la science-fiction, c’est parce qu’ils symbolisent la peur que nous éprouvons tous face à un futur impossible à maîtriser, qui peut remettre en cause tous nos acquis, toutes nos certitudes » (1, p. 21).
J’ajoute que nos acquis ont figé la Terre : tout est découvert à part quelques grands fonds, les frontières des États sont devenues intangibles quelles que soient les évolutions des sociétés qui les peuplent, les logiques économiques sont notées à la même enseigne pour un micro-État ou un État-continent – et ce quelles que soient les différences qu’occasionne la réalité géographique sur les stratégies des États en question.

Raser, réalisation du « terroriste barbare »

Dans le conflit au Mali entre les groupes islamistes et le gouvernement, les images de la destruction de hauts-lieux sont le signe de la barbarie. Plus que les exactions contre les femmes et les hommes, de tels actes ont fait basculer leurs auteurs dans la catégorie des pires ennemis du monde libre et civilisé. On reconnaît rarement à ces derniers de stratégie propre, il y aurait les bâtisseurs d’une part et les terroristes de l’autre. En chaussant les lunettes de la stratégie, en reconnaissant aux groupes islamistes à l’œuvre au Mali une capacité de raisonnement spécifique, Denis Retaillé propose une grille de lecture plus complexe que celle du barbare casseur : « Ayant su utiliser les savoirs nomades et leurs réseaux pour aboutir au contrôle des routes et des lieux, AQMI et Ansar Dine ont chassé les Touaregs et détruit les hauts lieux “fixes” de Tombouctou que sont les tombeaux des saints. Il n’est pas question, pour eux, de s’encombrer de territoire et de consommer sa force dans la maîtrise de la surface. Le contrôle du mouvement et des lieux de croisement suffit au pouvoir. Ces lieux sont mobiles. Les outils pour le comprendre sont ceux d’un autre espace de représentation. » (2, p. 16).

Notre culture sédentaire tient à ses hauts-lieux, quitte à les détruire « fictionnellement » pour nous fédérer autour de leur conservation.
À l’opposé les destructions qui ont eu réellement lieu comme au Mali, sont le fait de groupes soucieux de contrôler l’espace de la mobilité et en lutte contre un État.
Il se pourrait bien que la fin du monde ait bien lieu, sous nos yeux au Sahel, sous la forme d’un coup porté contre l’État intangible, ses hauts-lieux et ses frontières incontrôlables tirées au cordeau en plein désert.

Sophie Clairet

Image du haut : Vieux village de Vernègues, détruit par le séisme de 1909. « Vernègues se relèvera difficilement de ce drame qui oblige les habitants à reconstruire un nouveau village au quartier du Jas, en contrebas. L’inauguration solennelle du nouveau Vernègues a été faite le 17 mai 1914. En 1927, Vernègues obtient la médaille de bronze du concours du village moderne (…) grâce à son plan orthonormé ». Cliché Sophie Clairet

Notes

(1) Alain Musset, Le syndrome de Babylone. Géofictions de l’apocalypse, Paris, Armand Colin, septembre 2012, 355 p. Une analyse à la fois exhaustive et très claire, une lecture très stimulante et plaisante très vivement conseillée.
(2) Denis Retaillé, Olivier Walther, Olivier Pissoat. « Espace, temps, mobilité : cartographier le mouvement et appréhender l’espace mobile pour comprendre l’actualité saharienne ». Sep. 2012. Papier soumis à la revue Mappemonde. Une approche incontournable pour qui veut saisir les représentations en présence au Mali.

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Stratégie, l’écrit et la pratique. Petite promenade dans l’Histoire

Petit clin d’œil du temps des Royaumes Combattants. La promenade nous emmène donc à l’autre bout du monde, il y a des siècles. (Photo ci-contre : WouTseu ou Wu Qi, image sur Wikipedia)

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Mali, curiosités géoéconomiques en cartes

Qui sont les principaux clients et fournisseurs du Mali ? Suffit-il de consulter les statistiques officielles pour en obtenir un aperçu ? La question est plus complexe et riche qu’il n’y paraît : illustration en cartes.

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Récits

En guise de bons vœux pour la nouvelle année

Le platane vénérable de Lamanon. Cliché par Sophie Clairet, le 1er janvier 2013

Image d’un monument naturel de caractère artistique, classé depuis 1918. « On le surnomme « Le géant de Provence ». En langue provençale, nous l’appelons « la grosso platano ». Son âge exact, on ne le connait pas. La personne qui l’a planté n’a pas laissé de traces écrites, elle ne se doutait pas qu’il allait devenir célèbre. » (Site Internet de la mairie de Lamanon)

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Casques bleus, silence radio

Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve en Palestine (1948), Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (1964), Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (1974), Force intérimaire des Nations Unies au Liban (1978), Mission de l’ONU pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (1991) : voilà cinq missions de la paix qui engagent en cette fin d’année 14 124 personnels en uniforme, observateurs militaires ou soldats – selon les termes des Nations Unies et sans compter les civils. Ces cinq missions totalisent un budget de 783 millions de dollars US pour 2012-2013. Elles se localisent sur le terrain ou à la lisière de conflits qui mobilisent les discours de la communauté internationale, des ONG et des médias : la Syrie et le Sahel.

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Politique, marketing et paysage musical au pays de la création du monde (Islande)

Ile volcanique située sur le rift médio-atlantique, l’Islande combine le feu, l’eau, l’air, la terre, la glace. Prolongeant le gulf-stream, la dérive nord-atlantique vient réchauffer ses côtes. Ce point chaud du monde tout à fait spécial nourrit des représentations qui se croisent sur Internet pour le plus grand plaisir des yeux et des oreilles et le plus grand bénéfice de nombreuses activités.

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Islande, un petit kaléidoscope des grands enjeux

Depuis la reconnaissance par le FMI des réussites islandaises, cette petite île singulière apparaît comme un laboratoire de l’innovation, une voie alternative face à la crise. Peuplée de 320 000 habitants qui s’identifient par leur prénom, l’île de glace s’apparenterait à notre mythique village d’irréductibles Gaulois, simples et résistants, lesquels puiseraient dans les entrailles de la Terre leur potion magique. Le rêve est permis, mais il existe quelques réalités qui méritent le détour : une défense assurée par Washington puis par l’OTAN, des élites formées aux États-Unis et à Londres, une candidature à l’Union européenne et un accord de libre-échange avec la Chine prévu en 2013 (6 accords signés en 2012).

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Instantané du commerce mondial : clients, fournisseurs & litiges

Le 19 novembre 2012, l’Organisation mondiale du commerce a lancé un nouvel outil interactif sur le commerce mondial et l’accès aux marchés. Il permet de visualiser simplement les différents acteurs du commerce mondial officiel (échanges déclarés).

La page d’accueil affiche cette carte, suivie du classement décroissant des membres de l’OMC selon le montant de leurs exportations.

Avec plus de 6 000 milliards d’USD de marchandises exportées en 2011, l’Union européenne est l’acteur majeur sur cette carte, largement devant la Chine (1 898 milliards d’USD) et les États-Unis (1 480 milliards d’USD).

Sur le plan des litiges portés devant l’OMC, le trio de tête s’organise différemment et l’Argentine fait une entrée remarquée, attaquée pour ses mesures affectant l’importation de marchandises et attaquant les États-Unis pour la même raison.

La position de l’Union européenne est à l’image de son soft-power : le premier acteur des exportations mondiales (en valeur) est en relatif retrait du théâtre des conflits. L’UE est attaquée pour ses mesures de soutien aux énergies renouvelables (par la Chine) et aux bio-carburants (par l’Argentine), et par l’Indonésie pour ses mesures de protections contre certains alcools gras. Elle attaque à nouveau la Chine pour ses restrictions aux exportations de terres rares (de concert avec les États-Unis et le Japon). L’affrontement USA/Chine dépasse le sujet largement médiatisé des terres rares pour concerner également le secteur automobile (USA vs Chine) et les mesures anti-dumping (Chine vs USA). Parmi les acteurs plus secondaires : la réglementation australienne sur le tabac a suscité les attaques de ses fournisseurs ; l’Inde attaque la Turquie pour ses mesures de protections au textile (fil de coton) et doit se défendre contre les USA qui l’accusent de limiter ses importations agricoles.

Intérêt pour geosophie.eu

Fournir une représentation de facteurs de puissance largement sous-médiatisés actuellement. Proposer une cartographie des acteurs sur la base d’un diagramme (nuage de points) afin que la répartition spatiale soit fondée sur une logique.

Pour aller plus loin

– OMC : les pages dédiées à l’outil interactif et aux litiges sont disponibles à partir de : http://www.wto.org/
« Interactive » : chacun sa courbe

Sophie Clairet

Image du haut : Vue d’architecte du nouveau bâtiment de l’OMC (Genève), une construction respectueuse de l’environnement inaugurée fin 2012. Galerie de clichés disponible sur le site de l’OMC. (© Wittfoht)